Les Kurdes favorables au dialogue avec Bagdad après l'opération militaire

Incendie dans un bureau du parti politique du Kurdistan à Kirkouk, en Irak, le 17 octobre 2017. (H.Murdock / VOA)

Le gouvernement du Kurdistan irakien s'est déclaré jeudi favorable à un dialogue avec le pouvoir central à Bagdad dont les forces viennent de chasser les combattants kurdes de zones disputées.

"Le cabinet du Kurdistan accueille favorablement l'initiative du Premier ministre Haider al-Abadi d'entamer des négociations pour régler les problèmes en suspens selon la Constitution et les principes de partenariat", selon un communiqué officiel publié à Erbil, la capitale du Kurdistan.

Le communiqué a été publié après une réunion du cabinet tenue sous la présidence du Premier ministre kurde Nechervan Barzani et du vice-Premier ministre Qubad Talabani.

"Le Kurdistan demande l'aide et la contribution de la communauté internationale en parrainant ce dialogue", selon le gouvernement de cette région autonome.

Lundi et mardi, les troupes fédérales irakiennes et des milices alliées ont évincé les forces kurdes de la riche province pétrolière de Kirkouk (nord-est), ainsi que des provinces de Ninive (nord) et de Diyala (est).

Cette opération visait à rétablir l'autorité du pouvoir central dans les zones disputées du pays. Elle intervenait après un référendum d'indépendance kurde organisé le 25 septembre lors duquel le "oui" l'avait massivement emporté, provoquant la colère de Bagdad.

Mardi, M. Abadi a fait une offre de dialogue tout en affirmant que ce référendum était "terminé et faisait désormais partie du passé", de même que "son résultat".

Il avait fait de l'abandon du résultat de cette consultation une condition préalable à l'ouverture d'un dialogue avec la région autonome.

- Mandat d'arrêt -

L'opération de Bagdad a permis --presque sans combats-- au pouvoir central de reprendre le contrôle des zones tenues par les Kurdes depuis 2013. Ces derniers sont désormais largement cantonnés à leurs trois provinces autonomes du nord du pays.

Les Kurdes avaient progressivement gagné du terrain à la suite de l'invasion américaine de 2003 et de la percée fulgurante du groupe Etat islamique (EI) en 2014.

Malgré la volonté de dialogue affichée, des tensions subsistent entre Bagdad et le Kurdistan.

Kosrat Rassoul, vice-président du Kurdistan irakien et haut dirigeant de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), a affirmé que "l'armée irakienne et la police fédérale dans la province de Kirkouk étaient des forces d'occupation".

Jeudi, un tribunal de Bagdad a émis un mandat d'arrêt contre lui pour "propos provocateurs envers l'armée irakienne", selon une source judiciaire.

"Le tribunal considère ces propos comme une provocation contre les forces armées conformément à l'article 226 du code pénal", a précisé Abdel Sattar al-Bireqdar, porte-parole du Conseil suprême de la magistrature. Il risque au maximum sept ans de prison ou une amende.

Par ailleurs, le gouvernement irakien s'en est pris vivement jeudi, sans le nommer, à l'accord signé la veille par le géant semi-public russe du pétrole Rosneft avec les autorités du Kurdistan irakien.

Le ministère irakien du Pétrole a souligné dans un communiqué que "ce département et le gouvernement fédéral irakien sont les deux seules parties avec lesquelles il faut traiter pour conclure des accords concernant le développement et les investissements dans le secteur de l'énergie".

Rosneft avait annoncé mercredi un accord avec les autorités du Kurdistan irakien, à qui il compte payer jusqu'à 400 millions de dollars (338 millions d'euros) pour exploiter ses vastes ressources en hydrocarbures, disputées avec le pouvoir central de Bagdad.

Avec AFP