L'Iran a relâché mercredi 13 janvier les dix marins américains arrêtés la veille après s'être égarés dans les eaux territoriales iraniennes. Cet incident rapidement clos témoigne du réchauffement des relations entre Téhéran et Washington à la suite de l'accord historique sur le nucléaire.
"Après avoir présenté des excuses, ils ont été libérés dans les eaux internationales" car "il s'est avéré que leur entrée dans les eaux territoriales du pays n'était pas intentionnelle", ont annoncé les Gardiens de la révolution.
"Les Etats-Unis se sont engagés à ne plus répéter de telles erreurs", a précisé l'armée d'élite du régime dans un communiqué.
Les dix marins, neuf hommes et une femme, sont restés captifs moins de 24 heures après l'interception mardi après-midi des deux petits navires rapides de guerre sur lesquels ils naviguaient au large de l'île Farsi, située dans la partie nord du Golfe.
Des photos publiées sur le site des Gardiens de la révolution (Sepahnews.com) les ont montrés, après leur arrestation, assis à même le sol sur des tapis dans une grande pièce.
Les Etats-Unis avaient annoncé mardi soir avoir "perdu le contact avec deux petits navires militaires qui naviguaient entre le Koweït et Bahreïn".
Mais, dès le début, Washington avait évité de jeter de l'huile sur le feu en affirmant que les marins allaient bien et pourraient être libérés rapidement.
Les Gardiens de la révolution avaient ensuite confirmé dans la nuit l'arraisonnement des deux navires et précisé que les dix marins étaient en "bonne santé".
Panne du "système de navigation"
Mercredi matin, la perspective de leur libération se précisait lorsque l'amiral Ali Fadavi, commandant des forces navales des Gardiens de la révolution, déclarait que l'action des Américains n'était pas "hostile". Les deux navires ont pénétré dans les eaux iraniennes en raison d'"une panne de leur système de navigation", a-t-il précisé.
Signe toutefois de l'importance de l'incident, M. Kerry a eu au téléphone son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, a confié à l'AFP un diplomate du département d'Etat, sans rien révéler de la teneur de leur conversation. Les deux hommes ont appris à bien se connaître en ayant négocié durant des mois l'accord sur le nucléaire iranien.
L'amiral Fadavi a indiqué que M. Zarif avait exprimé "une position très ferme en soulignant que les marins se trouvaient dans les eaux territoriales de l'Iran et qu'il fallait que les Etats-Unis présentent des excuses".
L'Iran et les Etats-Unis sont en principe toujours adversaires depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en avril 1980 dans la foulée de la Révolution islamique.
Dans le passé, des incidents ont déjà opposé la marine américaine aux forces navales des Gardiens de la révolution dans les eaux très stratégiques du Golfe.
Fin décembre, un responsable américain a affirmé que la marine iranienne avait effectué des tirs d'essai à proximité de trois navires américains et français. Ce que les Gardiens de la révolution avaient démenti.
Ce nouvel incident est intervenu alors que l'Iran et les grandes puissances finalisent l'application de l'accord qui vise à limiter le programme nucléaire de l'Iran, en échange d'une levée progressive et contrôlée des sanctions internationales.
L'Iran a réduit le nombre de ses centrifugeuses, envoyé à l'étranger la quasi totalité de son stock d'uranium faiblement enrichi et doit enlever dans les prochains jours le coeur du réacteur à eau lourde d'Arak, autant de mesures nécessaires pour l'entrée en application de l'accord.
Cet accord a provoqué la colère des alliés traditionnels de l'Amérique, l'Arabie saoudite et Israël notamment, qui y voient l'amorce d'une réconciliation Washington-Téhéran.
Même si l'administration Obama se défend de tout projet de rétablissement des relations diplomatiques avec la bête noire iranienne, elle cherche à ramener un certain "équilibre" au Moyen-Orient, dans l'espoir de régler les guerres de la région et d'abord celle qui ravage la Syrie, analysent des experts.
Les Etats-Unis sont très présents militairement dans la région, leur Ve Flotte siégeant notamment à Bahreïn.
Avec AFP