Netanyahu soigne ses relations avec les Américains en repoussant un vote concernant les colonies

Le président Barack Obama et le Premier ministre Benjamin Netanyahu se rencontrent à la Maison-Blanche, le 9 juillet 2012.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réclamé mercredi le report de l'examen de permis de construire dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est pour éviter davantage de tensions avec les Etats-Unis, a indiqué un responsable.

Cette annonce est survenue quelques heures avant un discours du secrétaire d'Etat américain sortant John Kerry qui doit présenter sa vision d'une paix entre l'Etat hébreu et les Palestiniens, en conflit depuis plus d'un demi-siècle.

Les relations sont au plus bas entre Israël et son proche allié américain, les Etats-Unis présidés par Barack Obama n'ayant pas mis leur veto à une résolution de l'ONU condamnant les colonies israéliennes, pour la première fois depuis 1979.

Ils se sont abstenus vendredi alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël sur ce dossier sensible. Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur du texte qui exhorte Israël à "cesser immédiatement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est", et affirme que les colonies "n'ont pas de valeur juridique" et sont "dangereuses pour la viabilité d'une solution à deux Etats".

L'attitude américaine a provoqué l'ire d'Israël, et M. Netanyahu avait aussitôt rejeté une "résolution anti-israélienne honteuse", en affirmant que son pays ne s'y conformerait pas.

Mais semblant chercher à calmer le jeu, M. Netanyahu a demandé le report de discussions prévues mercredi sur l'octroi de centaines de permis de construire à Jérusalem-Est, la partie orientale occupée et annexée par Israël.

La municipalité de Jérusalem a ainsi annulé in extremis le vote prévu qui devait porter sur l'octroi de 492 permis de construire dans les quartiers de colonisation de Ramat Shlomo et Ramot à Jérusalem-Est, a indiqué à l'AFP Hanan Rubin, un conseiller municipal.

"Le président du comité de planification (et de construction) nous a dit que (la question des permis) avait été retirée de l'ordre du jour à la demande du Premier ministre de façon à ce que nous évitions un conflit avec le gouvernement américain juste avant le discours de Kerry ce soir", a dit M. Rubin.

Il a ajouté que ce examen serait organisé à une date ultérieure, non précisée.

Vision de Kerry sur la paix

La colonisation israélienne, notamment à Jérusalem, est considérée par la communauté internationale comme illégale et comme le principal obstacle à la paix, notamment parce que les colonies sont construites sur des terres qui pourraient appartenir à l'Etat auxquels les Palestiniens aspirent, menaçant ainsi la possibilité d'un règlement sur la base d'une solution à deux Etats.

Les Etats-Unis ont traditionnellement servi de bouclier diplomatique à l'Etat hébreu mais, frustrés par des années d'efforts diplomatiques infructueux, ils ont justifié leur abstention par l'impact de la colonisation sur le processus de paix au point mort depuis 2014.

Plus tard dans la journée, M. Kerry présentera dans un grand discours au département d'Etat sa "vision complète" de ce processus de paix. "Nous ne l'avons pas laissé tomber et nous ne pensons pas que les Israéliens et les Palestiniens doivent également (l'abandonner)", a dit le porte-parole du département d'Etat.

M. Kerry pense que "c'est de son devoir, dans ses dernières semaines et derniers jours en tant que secrétaire d'Etat, de présenter ce qu'il pense être le chemin vers une solution à deux Etats", selon lui.

Pour sa part, le président élu Donald Trump a lui promis qu'après sa prise de fonction, "les choses seraient différentes" à l'ONU.

Même si elle ne prévoit pas de sanctions contre Israël, les responsables israéliens craignent que la résolution de l'ONU ne facilite les poursuites à la Cour pénale internationale et n'encourage des sanctions contre les produits des colonies.

Après le vote au Conseil de sécurité, M. Netanyahu, qui entretient des relations notoirement exécrables avec M. Obama, avait accusé l'administration Obama d'avoir fait "un coup anti-israélien honteux aux Nations unies".

En guise de riposte, Israël a annoncé qu'il "réduisait" ses relations avec des pays ayant voté pour la résolution. Il a déjà rappelé ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal, annulé son programme d'aide dans ce pays d'Afrique de l'ouest et informé aussi l'Angola du gel de son programme d'aide.

Les Palestiniens ont qualifié la résolution de l'ONU de "grand camouflet" pour Israël, estimant qu'il s'agissait "d'une condamnation internationale unanime de la colonisation".

Quelque 430.000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie occupée et ils sont plus de 200.000 à Jérusalem-Est que les Palestiniens veulent en faire la capitale de l'Etat auquel ils ambitionnent.

Avec AFP