Israël promet la fermeté avant de nouvelles protestations à Gaza

Un Palestinien jette des pierres contre l'armée israélienne, dans la bande de Gaza, le 1er avril 2018

Israël a prévenu que les consignes de tirs données à la frontière avec la bande de Gaza le 30 mars, quand 18 Palestiniens avaient été tués par balle, resteraient les mêmes vendredi en prévision d'une nouvelle manifestation.

Dans le même temps, les Palestiniens de Gaza se préparaient de pied ferme à cette protestation à haut risque.

Des centaines de pneus, destinés à être enflammés, ont notamment été collectés par des Palestiniens qui veulent ainsi aveugler les tireurs d'élite israéliens postés de l'autre côté de la frontière.

La journée du 30 mars a été la plus sanglante depuis la guerre en 2014 entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui gouverne la bande de Gaza.

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Malgré les critiques de l'ONU et de l'Union européenne, qui ont réclamé une "enquête indépendante" sur l'usage par Israël de balles réelles, les responsables israéliens ont refusé de modifier les consignes de tirs pour les manifestations prévues après les prières de vendredi.

"S'il y a des provocations, il y aura une réaction des plus dures comme la semaine dernière. Nous n'avons pas l'intention de changer les consignes de tirs, nous restons sur la même ligne", a prévenu à la radio publique le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.

"Nous n'avons pas affaire à une manifestation, mais à une opération terroriste. Pratiquement tous ceux qui y participeront reçoivent un salaire du Hamas ou du Jihad islamique", un autre groupe palestinien radical, a ajouté le ministre.

Il a par ailleurs qualifié de "cinquième colonne (...) et de mercenaires", les dirigeants de B'Tselem, une ONG de gauche qui a appelé les soldats israéliens à ne pas tirer vers des Palestiniens non armés.

B'Tselem a publié des encarts dans des médias avec comme titre: "Désolé commandant, je ne tire pas".

"Soldat, les consignes de tirs susceptibles de provoquer la mort de civils ne présentant pas de danger pour des vies humaines, sont illégales", a proclamé l'ONG.

Le bilan des morts s'est alourdi jeudi avec un Palestinien tué lors d'un raid aérien israélien dans la bande de Gaza et le décès d'un autre, grièvement blessé le 30 mars, ce qui a porté à 20 le nombre de Palestiniens tués depuis vendredi dernier.

Des dizaines de milliers de Palestiniens avaient afflué le 30 mars près de la barrière séparant Israël de Gaza, au premier jour de "la marche du retour".

Cette protestation, qui doit durer six semaines, vise à réclamer "le droit au retour" de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël en 1948.

Des milliers de manifestants sont de nouveau attendus vendredi à cinq points de rassemblement.

Les organisateurs des manifestations ont affirmé vouloir mettre en place un nouveau dispositif afin d'empêcher de petits groupes de manifestants de s'approcher de la barrière électronique qui marque la frontière.

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Mais des appels lancés sur les réseaux sociaux à utiliser des pneus enflammés ont soulevé la question de savoir si les manifestations étaient vraiment encadrées.

"Je pense qu'il y a eu une erreur d'organisation de notre part, nous n'aurions pas dû laisser les gens" s'approcher de la frontière vendredi dernier, a affirmé Asaad Abou Sharkh porte-parole et membre du comité d'organisation de la "Marche du retour".

"Nous ne nous attendions pas à ce que les Israéliens tirent pour tuer", a-t-il ajouté.

Le Hamas a annoncé qu'il verserait des indemnités de 3.000 dollars aux familles de manifestants tués et 500 dollars à ceux grièvement blessés.

Parmi les prochaines périodes à hauts risques figure surtout à la mi-mai le transfert prévu de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

Cette décision annoncée en décembre par le président Donald Trump et qui va coïncider avec le 70e anniversaire de la création d'Israël, a ulcéré les Palestiniens. Ces derniers veulent faire de Jérusalem-Est, annexée par Israël, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

La période est d'autant tendue que le 15 mai marque aussi le début du jeûne musulman du ramadan et la commémoration de la "Nakba" (la "catastrophe" en arabe) qu'a représenté pour les Palestiniens la proclamation de l'Etat d'Israël en 1948.

La désespérance dans la bande de Gaza, éprouvée par les guerres, le blocus, la réclusion, la pauvreté et les pénuries, ajoute à la tension ambiante.

Avec AFP