Israël s'apprête à recevoir une nouvelle arme, le F-35 furtif

Un F-35 sur sa base opérationnelle à Hill Air Force Base, dans l'État américain de l'Utah, le 2 septembre 2015.

Israël prendra livraison lundi de ses premiers avions de chasse furtifs américains F-35, salués comme des bijoux technologiques dont le casque du pilote coûte plus cher qu'une maison, mais leur prix et leurs défauts initiaux font grincer des dents.

L'arrivée des deux premiers exemplaires du F-35 construit par le groupe américain Lockheed Martin est un événement dans un pays jaloux de préserver son avantage militaire au Moyen-Orient où il compte de nombreux ennemis.

Elle est aussi censée refléter la vigueur de la relation stratégique entre Israël et les Etats-Unis, malgré les divergences entre le gouvernement Netanyahu et l'administration Obama sur le départ.

Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, sera au côté de son homologue israélien Avigdor Lieberman à la réception des appareils sur la base de Nevatim (sud).

Le programme F-35, lancé au début des années 1990 est le plus cher de l'histoire militaire.

Différents pays ont passé commande. Mais Israël, qui touche plus de trois milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) d'aide militaire américaine par an, sera le premier pays, en dehors des Etats-Unis, à opérer un escadron entièrement constitué de F-35. L'Etat hébreu a commandé un total de 50 avions furtifs.

"On ne se rend pas encore totalement compte de l'énorme avantage que confère le F-35", dit un responsable de l'armée de l'air israélienne sous le couvert de l'anonymat, en estimant que ces avions sont "le top de la technologie".

Les premiers F-35 israéliens, rebaptisés "Adir" ("puissant" en hébreu), devraient être opérationnels dans l'année suivant leur livraison.

- 'Seule option' -

Israël reçoit la version A du F-35, à décollage et atterrissage classiques.

L'avion "a été conçu pour faire face aux systèmes les plus évolués actuellement déployés au Moyen-Orient", a écrit à l'AFP Steve Over, de Lockheed Martin.

Il peut transporter tout un éventail d'armement et voler à la vitesse supersonique de mach 1,6 (environ 1.900 kilomètres par heure). Il est censé être six fois plus efficace que les appareils actuels en combat aérien et en surveillance, et huit fois plus efficace en attaque au sol.

Le casque du pilote coûte à lui seul environ 380.000 euros. La société israélienne Elbit Systems a participé à sa fabrication, et le groupe public Israel Military Industries produit certaines parties de l'avion.

Les avions remplaceront initialement des F-16 israéliens vieillissants.

L'Etat hébreu présente ces F-35 comme une réponse à la "menace" que constitue selon lui l'Iran. Les F-35 sont réputés capables de passer inaperçus des missiles S-300 livrés à Téhéran par la Russie.

Israël continue aussi à surveiller étroitement les activités du Hezbollah libanais. En Syrie, autre ennemi d'Israël, l'allié russe du président Bachar al-Assad a déployé ses systèmes anti-aériens sophistiqués S-300 et S-400.

Mais l'avion a subi plusieurs revers, dont un mystérieux feu de moteur en 2014. Parmi les défauts techniques et bugs informatiques mis au jour: le risque pour un pilote pesant moins de 62 kilos d'être tué par son propre système d'éjection. Lockheed Martin assure avoir réglé ces problèmes.

Israël achète ses 33 premiers jets à un prix moyen d'environ 110 millions de dollars (103,5 millions d'euros) pièce.

En Israël, des experts objectent qu'à un prix pareil, la perte d'un seul appareil ferait très mal et qu'on aurait pu moderniser le matériel existant.

Mais le F-35 était "la seule option possible", tant Israël dépend de l'aide militaire américaine, estime Yiftah Shapir, de l'Institut israélien pour les études de sécurité nationale. "Nous ne pouvions pas acheter français, britannique ou russe", dit-il, "les États-Unis ne l'auraient pas permis".

Avec AFP