Le programme de gouvernement populiste devant le président en Italie

Luigi Di Maio, leader du Mouvement des cinq étoiles, applaudit le nouveau président de la Chambre des députés, Roberto Fico, lors de la deuxième session du parlement depuis les élections nationales du 4 mars à Rome, en Italie, le 24 mars 2018.

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue doivent présenter lundi après-midi au président italien les détails de leur accord en vue du premier gouvernement populiste et eurosceptique dans un pays fondateur de l'Union européenne.

Luigi Di Maio, le jeune chef de file du mouvement antisystème M5S, et Matteo Salvini, le tribun qui a transformé la Ligue en parti nationaliste, seront reçus au Quirinal, le palais présidentiel, le premier à 16h30 (14h30 GMT) et le second à 18 heures (16 heures GMT).

Les deux partis disposent d'une courte majorité au Parlement mais, selon plusieurs médias, des doutes subsistent encore sur le nom du futur chef de gouvernement. Il ne devrait être ni M. Di Maio ni M. Salvini - chaque camp s'opposant à la désignation du chef de l'autre - mais une personnalité compatible avec les deux.

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Ce sera "un politique et non un technicien", a déclaré M. Di Maio dimanche à l'issue d'une nouvelle journée de tractations, à Milan (nord), avec M. Salvini et leurs principaux lieutenants.

Contacté par l'AFP, un représentant du M5S a expliqué que les deux hommes souhaitaient présenter les détails de leur accord au président Sergio Mattarella -- y compris la personnalité choisie pour diriger le gouvernement -- avant de les rendre publics.

Selon les médias, le chef du gouvernement ne devrait appartenir ni à la Ligue ni au M5S. Il devrait aussi faire autorité au plan international et être en mesure de rendre compatible avec Bruxelles la tonalité eurosceptique du futur exécutif.

Plusieurs noms ont circulé ces derniers jours dans la presse italienne, qui restait prudente lundi dans ses pronostics: l'économiste Guido Tabellini, 62 ans, la diplomate Elisabetta Belloni, 59 ans, actuelle N.2 du ministère des Affaires étrangères, Michele Geraci, 50 ans, professeur d'économie à la New York University de Shanghai ou encore le président de la société italienne de construction navale Fincantieri, l'ancien diplomate Giampiero Massolo, 63 ans.

Synthèse délicate

Sur le contenu de l'accord de gouvernement, la synthèse n'est pas simple entre la Ligue, formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d'impôts, et le M5S, plus ambivalent sur l'Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.

Selon la presse, un compromis a été trouvé sur un report à 2019 du revenu de citoyenneté, cheval de bataille du M5S, ainsi que sur une reconfiguration de la "flat tax" à 15% que prône la Ligue, qui selon le M5S grèverait trop les comptes publics.

La Ligue et le M5S se sont accordés sur la révision d'une réforme retardant progressivement l'âge de départ à la retraite. Il est actuellement fixé à 66 ans et sept mois et doit passer à 67 ans en 2019.

Les deux partis devraient introduire le "barème 100", à savoir la possibilité de quitter le travail lorsque la somme de l'âge et des années de cotisation atteint 100 (par exemple 64 ans et 36 ans de cotisations).

L'immigration est en revanche devenue un dossier sensible: si les discours électoraux affichaient la même fermeté, les mesures concrètes réclamées par la Ligue sont trop "musclées" pour le M5S, selon plusieurs médias.

En revanche, la Ligue aurait obtenu le maintien des grands travaux comme la ligne ferroviaire Lyon-Turin, pourtant dénoncés par le M5S comme des projets inutiles voire néfastes à l'environnement et de puits à détournement de fonds publics.

Pour la composition du gouvernement, Ligue et M5S doivent aussi s'entendre sur leurs poids relatifs: face aux plus de 32% obtenus par le M5S aux législatives de mars, M. Salvini s'appuie depuis deux mois sur les 37% de la coalition de droite, mais la Ligue n'en a obtenu que 17%.

Avec AFP