Côte d'Ivoire : révision à la hausse du nombre de victimes

Côte d'Ivoire : révision à la hausse du nombre de victimes

Alassane Ouattara, président de Côte d'Ivoire internationalement reconnu, a appelé à la réconciliation de tous les Ivoiriens, dans une allocution solennelle à la nation, faute d'avoir obtenu la reddition de son rival Laurent Gbagbo, qu'il veut soumettre à un blocus.

En Côte d’Ivoire le siège de la résidence du président sortant ivoirien Laurent Gbagbo s’est poursuivi ce vendredi. La Commission des droits de l’Homme de l’ONU a révisé à la hausse le nombre de personnes tuées dans l’Ouest du pays. Elle dit avoir découvert 100 nouveaux cadavres au cours des dernières 24 heures dans les environs de Duékoué, Blolequin et Guiglo. Les victimes semblent avoir trouvé la mort par suite d’affrontements interethniques. L’ONU dit avoir recueilli par ailleurs des témoignages reprochant aux forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara d’avoir massacré des civils.

Alassane Ouattara a pris la parole jeudi soir pour la première fois depuis l'aggravation de la crise post-électorale en Côte d'Ivoire.

Il a annoncé qu'« un blocus a été établi autour du périmètre » de la résidence présidentielle où Laurent Gbagbo « s'est retranché avec des armes lourdes et des mercenaires ». L'objectif est « de sécuriser les habitants de ce quartier » d'Abidjan, a-t-il précisé dans ce discours télévisé.

M.Ouattara espère ramener le calme et la sécurité à Abidjan. Il a indiqué avoir demandé aux responsables de ses forces « de prendre toutes les dispositions pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité des biens », ainsi que la liberté de mouvement dans le pays.

En conséquence, « le couvre-feu sera allégé à partir de vendredi 8 avril en vue de permettre un retour progressif à la normalité », a aussi annoncé Alassane Ouattara, en appelant de ses voeux une « reprise de l'activité économique » alors que la ville est paralysée depuis plusieurs jours, et les habitants terrés chez eux.

« J'ai demandé que les sanctions de l'Union européenne sur le port d'Abidjan et San Pedro et sur certaines entités publiques du fait du régime illégitime de Laurent Gbagbo soient levées », a-t-il aussi affirmé.

Un discours de réconciliation

Concernant les accusations de crimes et de massacres à grande échelle, notamment dans la ville de Duékoué, Alassane Ouattara a promis que « la lumière sera faite sur tous les massacres et les crimes dont les auteurs des crimes seront sanctionnés ». Il a insisté pour que ses troupes soient « exemplaires dans leur comportement » et s'abstiennent « de tout crime, de toutes violences contre les populations ou de tout acte de pillage ».

« J'invite tous mes compatriotes à s'abstenir de tout acte de vengeance », a-t-il enfin déclaré car la « Côte d'Ivoire est une et indivisible », et il s'est engagé à être le président « de tous les Ivoiriens».

Le camp Gbagbo rejette cette allocution

« C’est un discours pathétique qui signe la tentative de coup d’Etat que M.Ouattara a engagé depuis 2002 », ironise Alain Toussaint, représentant en France de Laurent Gbagbo. Et de poursuivre : « il faut laisser dire, le président Gbagbo reste libre de ses mouvements et s’il veut sortir de la résidence, il le fera. Il n’y a aucune contrainte, ni difficulté à cela ».