Candidat le plus en vue de l’opposition, Jean Ping, estime que toutes les raisons sont réunies pour que lui et sa famille politique gagnent la présidentielle du samedi 27 août.
"…Le rejet total d’Ali. Le pays ne veut plus d’Ali. Ça, c’est clair. La seconde chose, c’est le fait que comme le demandait le peuple, nous nous sommes coalisés pour désigner un seul candidat. Ces deux raisons suffisent amplement pour gagner ", affirme-t-il.
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Ancien premier ministre gabonais, M. Ping prévient cependant que son camp s’est sérieusement préparé pour contrer la fraude dont il suspecte le président sortant Ali Bongo Ondimba.
Mais il précise que, des 11 candidats en lice, les Gabonais connaissent ceux "que le pouvoir a alignés pour distraire le public". "Chacun de nous est parfaitement identifié par le public gabonais", soutient-il.
"Nous, nous avons choisi dès le départ de ne pas faire la politique de la chaise vide, absolument pas", confie-t-il, renonçant par-là à donner le pouvoir comme "cadeau à celui qui est là, car même s’il a 5%, s’il est seul, il va l’emporter"(NDLR, sans autre adversaire).
M. Ping affirme cependant ne pas pouvoir prédire si le pays sera en proie aux violences si, avac les fraudes, les résultats donnaient Ali Bongo vainqueur.
Un des piliers du régime de l’ancien président gabonais Omar Bongo Ondimba (au pouvoir de décembre 1967 à juin 2009), que pense-t-il apporter de nouveau au Gabon ?
A cette question, Jean Ping repond d’abord par un adage.
"Ce n’est pas parce vous avez porté la valise du père qu’il faut porter la valise du fils", affirme-t-il. Puis d’enchaîner : "Il (Ali Bongo) est totalement incompétent. Nous ne pouvons accepter, sous prétexte que nous avons été avec le père, en fait le soi-disant père, de repartir avec le fils. Nous avons travaillé à l’époque. En fait, comme tous les pays africains, nous étions sous le régime d’un parti unique".
M. Ping accuse plutôt Ali Bongo d’avoir ramené le pays en arrière après les avancées démocratiques enregistrées dans les années 90.
"A partir de la chute du mur de Berlin, on est passé à la démocratie. Et on a adopté une Constitution votée par consensus. On a mis en place toutes les règles de la démocratie, les instruments de la démocratie. Et puis, progressivement, on a vu un retour en arrière. De deux mandats limitatifs, on est passé à l’absence de limitation. Il n’y a pas de limitations de durée alors qu’en 90, on avait limité. Il y avait deux tours, on est passé à un tour. Il y avait cinq ans, on est passé à sept ans, sans limitations de mandats. C’est des raisons suffisantes pour dire qu’on était dans un régime qui correspondait à une période donnée. Le monde a changé. Vous ne pouvez pas rentrer au 21e siècle à reculons. Le petit, il veut rentrer au 21e siècle à reculons. Ça ne peut pas marcher", argumente-t-il.
Propos recueillis par Idriss Fall