Le Namibien âgé de 50 ans est arrivé peu après 08H00 GMT devant le pôle financier du tribunal de Paris, convoqué par le juge Renaud Van Ruymbeke. Il a quitté le bâtiment au bout d'une heure, a constaté un journaliste de l'AFP, sans faire de déclaration.
L'ancien athlète, champion du monde du 200 m en 1993, était convoqué en vue d'une éventuelle mise en examen, selon une source proche du dossier.
Sollicité, le parquet national financier n'a pas précisé l'issue de cette convocation.
La compétence de la justice française s'explique notamment par le fait que des fonds ont pu être blanchis à Paris.
Membre du Comité international olympique (CIO) depuis 2012, Fredericks est dans le collimateur de la justice française pour un virement suspect de 299.300 USD (environ 262.000 euros) qu'il avait reçu le 2 octobre 2009, le jour-même où Rio avait obtenu les jeux, lors d'un vote du CIO à Copenhague (Danemark).
A l'époque, Fredericks était scrutateur du vote pour le CIO. Le virement, révélé par Le Monde en mars, venait de Papa Massata Diack, alors puissant consultant marketing de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) présidée par son père, Lamine Diack, lui-même membre influent du CIO.
Le "Roi Arthur"
Installé au Sénégal, qui refuse de l'extrader malgré un mandat d'arrêt international de la France, Papa Massata Diack est au centre de l'enquête sur un système de corruption au sein de l'IAAF pour permettre à des athlètes russes dopés d'éviter ou retarder les sanctions. Il est aussi soupçonné d'avoir monnayé ses interventions dans les processus d'attribution à des villes de plusieurs championnats du monde d'athlétisme (Pékin-2015, Doha-2019) et des Jeux de Rio-2016 et Tokyo-2020.
Trois jours avant le virement reçu par Frankie Fredericks, la société d'un homme d'affaires brésilien, Arthur Soares, surnommé le "Roi Arthur" et proche de l'ex-gouverneur de Rio Sergio Cabral, avait versé 1,5 million de dollars à l'une des sociétés de Papa Massata Diack.
Frankie Fredericks s'était justifié sur cet argent reçu par des activités de promotion pour l'athlétisme. L'ancien sprinter a été contraint de démissionner de son poste de président de la commission d'évaluation des JO de 2024 en mars, au sein du CIO, alors que Paris et Los Angeles étaient encore en lice. Il a aussi été suspendu au sein du Conseil de l'IAAF.
Ce passage devant le juge intervient moins d'un mois après l'arrestation à Rio du Brésilien Carlos Nuzman, président du Comité d'organisation des JO-2016 et du comité olympique brésilien (il a démissionné de ce poste depuis), soupçonné d'avoir été un relais important du système de corruption ayant permis à la cité carioca d'obtenir les Jeux, organisés pour la première fois en Amérique du sud l'année dernière.
D'après l'acte d'accusation brésilien, Nuzman et l'ancien gouverneur de Rio, Cabral, ont "directement sollicité" auprès du "Roi Arthur" le versement de 2 millions de dollars à Papa Massata Diack.
Selon le parquet de Rio, Nuzman, son ancien bras droit Leonardo Gryner et Cabral ont rencontré Lamine Diack en août 2009, à Berlin lors des Mondiaux d'athlétisme, et le Sénégalais leur aurait suggéré de traiter avec son fils pour le versement des pots-de-vin.
La justice française et la justice brésilienne coopèrent ensemble dans cette enquête, qui s'est brusquement accélérée en septembre et octobre.
Avec AFP