L'élection présidentielle du 5 novembre aux Etats-Unis pourrait constituer une césure en cas de victoire du républicain Donald Trump qui fait redouter à certains une baisse drastique de l'aide militaire américaine à Kiev.
L'Ukraine sera au coeur des entretiens entre Joe Biden et les responsables allemands à un moment où les bombardements russes contre ses infrastructures essentielles redoublent et où son armée recule sur le front oriental. Le démocrate, qui a renoncé à briguer un second mandat au profit de sa vice-présidente Kamala Harris, avait repoussé il y a une semaine son déplacement en Allemagne en raison de l'ouragan Milton. Pas question pour autant de renoncer à cette visite d'adieu, même si le président l'a réduite à une journée.
Joe Biden va sans doute "adresser un message aux Européens sur l'importance qu'il y a à ce qu'ils se préparent à prendre eux-mêmes plus de responsabilités dans leur aide à l'Ukraine", estime la politologue allemande experte en relations internationales Daniela Schwarzer, de la Fondation Bertelsmann. Elle a souligné, au cours d'une rencontre avec des journalistes étrangers, la "grande importance politique" de ce déplacement au moment où Olaf Scholz doit jouer "les équilibristes" dans sa politique d'aide à l'Ukraine.
Discuter avec Poutine ?
Après plus de deux ans et demi de guerre, un affaiblissement de l'aide occidentale se profile, sur fond d'éclatement d'un autre conflit majeur, au Proche-Orient, après l'attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Les opinions publiques se lassent aussi, comme l'ont récemment montré les scores historiques dans trois scrutins régionaux obtenus par le parti d'extrême droite allemand AfD et un nouveau parti d'extrême gauche, qui réclament la fin des livraisons d'armes à Kiev.
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L’Allemagne est le deuxième plus grand donateur d'aide à l'Ukraine, les États-Unis étant le premier. Mais elle a divisé par deux à quatre milliards d'euros son enveloppe budgétaire d'aide à l'Ukraine en 2025. Olaf Scholz a aussi appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit, y compris en discutant avec Vladimir Poutine, en concertation avec l'Ukraine et les autres alliés de ce pays.
Au même moment, Volodymyr Zelensky a dévoilé au Parlement ukrainien son "plan de victoire" qui vise à contraindre le président russe à mettre fin à la guerre, notamment via le déploiement de moyens de dissuasion non-nucléaires sur le sol ukrainien et une invitation à entrer dans l'Otan, un soutien accru des alliés occidentaux étant indispensable à sa mise en oeuvre.
Le chef de l'Etat ukrainien, qui refuse de céder la moindre zone annexée par la Russie, était allé la semaine dernière à Berlin où il a réclamé, en vain, l'autorisation d'utiliser les missiles fournis par les Occidentaux afin d'atteindre des cibles militaires sur le territoire russe.
"Incroyable amélioration"
M. Biden sera accueilli dans la capitale allemande par son homologue Frank-Walter Steinmeier qui lui remettra la plus haute distinction de son pays pour "services rendus" à l'amitié germano-américaine et à l'alliance transatlantique. Devant les députés du Bundestag, Olaf Scholz a d'ailleurs salué "l'incroyable amélioration de la coopération" sous le gouvernement Biden entre Berlin et Washington et au niveau européen.
La présidence tumultueuse de M. Trump (2017-2021) avait mis à rude épreuve les relations entre les Etats-Unis et l'Allemagne, celui-ci reprochant aux Allemands et à d'autres Européens de dépenser trop peu pour la défense commune dans le cadre de l'Otan. Après l'invasion russe, l'Allemagne, profondément pacifiste depuis les horreurs du nazisme, s'est engagée dans un changement radical de sa politique, avec la mise en place, entre autres, d'un fonds de 100 milliards d'euros pour remettre à flot son armée.
Des informations de presse, non confirmées par la chancellerie, font aussi état d'une visite du chef de l'Etat français Emmanuel Macron et du Premier ministre britannique Keir Starmer pour une réunion à quatre, avec au coeur des discussions aussi l'escalade en cours dans le conflit au Proche-Orient. Si Washington et Berlin sont les plus fidèles alliés d'Israël, ils ont aussi réclamé à plusieurs reprises un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et l'ont mis en garde contre une extension de la guerre à toute la région.