Août 2019, José Mourinho lâche une larme. Huit mois que le Portugais n'entraîne plus. Tee-shirt gris, cheveux tout autant, parc bucolique en fond, il se confie en interview, la retraite n'est pas pour lui : "J'ai arrêté et je ne peux pas m'en réjouir. Cela me manque".
Lire aussi : Mourinho veut un club qui a de "l'empathie"Trois mois plus tard, l'appel a finalement été entendu dans le nord de Londres. Avec les Spurs, il remonte en selle après onze mois à tourner en rond. C'était définitivement trop pour celui qui n'avait jamais passé autant de temps sans club depuis ses débuts au plus haut niveau avec Porto en 2002.
En mars dernier, il confiait à l'AFP son objectif: "Je n'aime pas reprendre un club en janvier, février ou mars... Je veux trouver un club qui me motive pour débuter la saison prochaine."
Surnommé "The Special One" en 2004 à son arrivée à Chelsea, serait-il devenu à 56 ans "The Impatient One", dérogeant à cette règle et plongeant en cours de saison dans un club 14e de Premier League après douze journées?
- Chasse à la troisième C1 -
Sans doute était trop fort l'attrait du plus haut niveau, dans lequel il nage depuis tant d'années. La Ligue des Champions? "Je veux en être!", s'exclamait-il en mars. C'est chose faite, Tottenham étant 2e de son groupe de C1 après quatre matches.
Après être monté sur le toit de l'Europe avec Porto (2004) et l'Inter Milan (2010), la chasse à sa troisième Ligue des champions est lancée pour ce George Clooney du football qui a vu son armoire à trophées se remplir à mesure que sa chevelure grisonnait.
Champion du Portugal en 2003 et 2004, triple champion d'Angleterre avec Chelsea (2005, 2006, 2015), double champion d'Italie avec l'Inter Milan (2009, 2010), champion d'Espagne avec le Real Madrid (2012), sans oublier deux C3 (Coupe de l'UEFA avec Porto en 2003, Ligue Europa avec Manchester United en 2017) et pléthore de coupes nationales.
L'homme au caractère de feu a bâti partout des équipes craintes et respectées. En suivant une maxime minimaliste mais longtemps efficace: "Le plus important, c'est la victoire, quelle que soit la façon de l'obtenir".
Mais son aura s'était une première fois étiolée sur le banc du Real, où il a échoué à conquérir la "Decima", dixième Ligue des champions de l'histoire du club. Elle s'est effondrée lors du deuxième acte à Chelsea, où il est pour la première fois apparu dépassé par les évènements, et ne s'est pas reconstruite à Manchester United (2016-2018).
- Guardiola, sa nemesis -
En tout cas il retrouvera en Angleterre un de ses meilleurs ennemis: Pep Guardiola, bien ancré désormais à Manchester City. Avec le Catalan, lors de bouillants Real Madrid-Barcelone, Mourinho avait trouvé sa nemesis, au style diamétralement opposé, tant dans la personnalité que dans la philosophie de jeu. Ils s'affronteront en Premier League le 1er février.
Au-delà, la question sera de voir l'impact du dynamiteur Mourinho sur son effectif. Car force est de reconnaître que le syndrome de la troisième saison fatale a toujours frappé le Portugais, qui n'est jamais allé au-delà sauf brièvement lors de son premier passage à Chelsea (2004-septembre 2007).
Partout ailleurs, comme au Real (2010-2013), lors de son retour à Chelsea (2013-décembre 2015), à l'Inter Milan (2008-2010), au FC Porto (2002-2004) ou dernièrement à Manchester United, il n'a pas fait plus.
Lire aussi : Jose Mourinho a assisté à Lille-Montpellier pour superviser deux Lillois"Mourinho crame ses joueurs au bout d'un an et demi, deux ans maximum", a même affirmé l'Italien Fabio Capello, ancien sélectionneur de l'Angleterre, au moment de son licenciement de Chelsea.
Son caractère tranché lui a valu des inimitiés avec certains de ses joueurs, comme au Real Madrid où il s'est mis à dos son vestiaire, Cristiano Ronaldo en tête, précipitant son départ.
Tout comme dernièrement à Manchester United, où les relations orageuses avec certains de ses joueurs, premièrement Paul Pogba, ont encore vite entamé son crédit auprès des supporters. Son Heung-Min et Harry Kane sont prévenus.