"Je vais passer la main sans regret ni remords", a assuré mercredi soir le président Kabila, 47 ans, dans un message télévisé.
Le chef de l'État sortant a salué une transition pacifique "inédite dans l'histoire de notre pays", qui fait de la République démocratique du Congo "un pionnier en la matière dans la sous-région de l'Afrique centrale".
L'homme à la barbe poivre et sel a félicité son successeur issu des rangs de l'opposition, non sans ajouter: "Qu'il soit assuré de pouvoir compter sur moi chaque fois qu'il le souhaitera et que l'intérêt du pays l'exigera".
Le président Kabila a aussi souhaité une "coalition" plutôt qu'une "cohabitation" entre son successeur et sa propre famille politique, qui reste très largement majoritaire à l'Assemblée nationale.
"Je vous remercie", a-t-il lancé en conclusion à ses compatriotes, sans jamais leur dire "au revoir" ni "adieu".
Le président congolais quitte le pouvoir plus de deux ans après la fin de son deuxième et dernier mandat selon la Constitution, en décembre 2016.
"Le père de la démocratie congolaise" ne s'en va pas tout à fait de son plein gré. Des manifestations réprimées dans le sang avaient dénoncé sa volonté de rester au pouvoir (janvier 2015, septembre et décembre 2016, décembre 2017-février 2018).
L'Union européenne a sanctionné une quinzaine de ses proches début 2017 pour violations des droits de l'homme.
Lire aussi : Tshisekedi prête serment pour une transition historique et contestée"Le président a senti que la haine montait contre lui", assure l'un de ses proches. Il a alors préféré quitter le pouvoir pour au moins pouvoir rester dans son pays, plutôt que d'être un jour contraint à l'exil.
Obligé de reculer, le plus jeune chef d'État africain -après le Malgache Andry Rajoelina- a-t-il vraiment fait le deuil du pouvoir?
"En tout cas, je ne songe pas à aller en vacances aux Bahamas, ni même en Espagne, à Dubaï ou ailleurs", avait lancé M. Kabila au quotidien belge Le Soir avant les élections du 30 décembre.
Selon la Constitution, il va devenir sénateur à vie, avec la possibilité de devenir président de la Chambre haute.
Et c'est le président du Sénat, deuxième personnage dans l'ordre protocolaire de l'État, qui assume l'intérim du président de la République s'il est empêché d'exercer ses pouvoirs.
M. Kabila reste "l'autorité morale" de sa coalition Front commun pour le Congo (FCC) qui dispose d'une majorité très large au Parlement.
Des analystes lui prêtent l'intention de modifier la Constitution pour faire sauter les verrous qui empêchaient son maintien au pouvoir.
Lire aussi : Kabila propose une coalition avec Félix Tshisekedi"Dans la vie comme en politique, je n'exclus rien", a répété Kabila à plusieurs reprises en décembre, laissant planer l'hypothèse d'un possible retour en 2023, à la fin du prochain quinquennat.
Certains lui prêtent l'intention d'être une sorte de Vladimir Poutine congolais, qui cède le pouvoir provisoirement pour mieux revenir. Il botte en touche: "Je ne lis pas le russe. Il faudrait que je m'y mette".
Avant de quitter la présidence, le président avait assuré ses arrières matériels. Une loi votée en juillet 2018 sur le statut des anciens chefs de l'État a réglé toutes les questions d'intendance (pensions, logement, sécurité, placements...).
Une enquête de l'agence Bloomberg en décembre 2016 avait avancé que lui et sa famille s'étaient constitué "un réseau de 'business' qui s'étend à tous les recoins de l'économie congolaise". Ce que le président Kabila a toujours nié.