Il est 23 heures passée en temps universel quand le Président Roch Kaboré s’adresse à la nation à la télévision nationale. Il sait que tout est parti du drame d’Inata au Sahel le 14 novembre dernier faisant 57 morts dont 53 gendarmes et 4 civils.
"J’ai compris votre message qui nous invite à un changement de paradigme. Individuellement et collectivement nous devons être porteur de ce changement de comportement pour mettre fin à l’incivisme, au défi de l’autorité de l’Etat (…) En ma qualité de de Président du Faso je voudrais inviter les uns et les autres à savoir raison gardée et à ne surtout pas croire que c’est en cassant le thermomètre qu’on guérit de la fièvre", a déclaré le Président Kaboré.
Roch Kaboré annonce des changements imminents au sein des forces armées nationales. Il annonce aussi la présence désormais de chefs militaires sur le théâtre des opérations aux côté de la troupe. Le gouvernement sera resserré et dès la semaine prochaine, une opération dite mains propres sera lancée pour lutter contre la corruption et les détournements. Au lendemain de cette adresse, dans les rues de Ouagadougou, les réactions sont diverses.
Lire aussi : Burkina: l'attaque d'Inata illustre la déroute de l'armée face aux jihadistes
"Il faut que Roch Kaboré regarde au sein de l’armée. Il y a des gens qui y sont qui ne sont pas avec lui. Il faut qu’il envoie des gens à la retraite. Il y a des officiers qui sont à Ouagadougou et qui laissent les enfants aller sur le terrain. Si tu veux être un chef il faut être un guerrier", a dit Samuel Compaoré, un burkinabè.
"A propos de réaménagement ou de l’opération main propres, c’est trop tard. Il est à son deuxième mandat. Il ne reste plus beaucoup de temps", explique Daouda Hema, un autre citoyen.
"On sent le découragement et la frustration en notre Président. Cela fait combien de fois qu’il dit les mêmes choses? Il doit écouter des gens à la base, les populations. Il ne faut pas minimiser les gens", a indiqué Waogo Ouédraogo, un burkinabè.
Après l’attaque d’Inata, le président Kaboré avait demandé une enquête administrative pour situer les responsabilités. Les résultats de cette enquêtes seront connus mardi prochain selon Roch Kaboré et "nous tirerons toutes les conséquences disciplinaires et engagerons les poursuites judiciaires appropriées", a-t-il rassuré.
Lundi dernier, 9 gendarmes ont été tués dans une nouvelle attaque d’un détachement militaire à Foubé dans le Centre-Nord. Depuis plusieurs jours, la grogne monte. Internet connexion mobile ont été coupés pour quatre jours puis prolongé mercredi de quatre jours. Samedi, plusieurs organisations de la société civile et une bonne partie de l’opposition vont descendre dans les rues pour réclamer la démission du président.