Pour endiguer l'épidémie, le Kenya a isolé Nairobi et certaines zones côtières du reste du pays, et imposé le 27 mars un couvre-feu nocturne.
L'instauration du couvre-feu, selon HRW, s'est déroulée "d'une manière chaotique et violente depuis le début". HRW cite des cas de personnes fouettées mais aussi d'autres ayant reçu des coups de pied et mentionne le recours par la police à des gaz lacrymogènes pour vider les rues.
Un garçon de 13 ans est décédé à Nairobi le 31 mars après avoir été abattu sur son balcon alors que la police forçait des personnes qui étaient dans la rue, en contrebas, à rentrer chez elles.
Dans d'autres cas présumés compilés par HRW, un vendeur de tomates est décédé dans l'ouest de Kakamega après avoir été touché par une cartouche de gaz lacrymogène, tandis que quatre hommes ont été battus à mort dans différentes parties du pays.
"Il est choquant que des gens perdent la vie et des moyens de subsistance alors qu'ils sont censés être protégés contre l'infection", a déclaré Otsieno Namwaya, chercheur principal en Afrique à Human Rights Watch dans un communiqué.
"La brutalité policière n'est pas seulement illégale; elle est également contre-productive dans la lutte contre la propagation du virus".
L'organisation de défense des droits de l'homme a exhorté les autorités à "enquêter de toute urgence" sur les cas de violences policières.
Les forces de police kenyanes sont souvent accusées par des groupes de défense des droits de faire usage d'une force excessive et de perpétrer des homicides illégaux, en particulier dans les quartiers pauvres.
En janvier, HRW a indiqué qu'au moins huit jeunes hommes ont été abattus dans trois quartiers pauvres depuis Noël, et un rapport de 2019 détaillait les meurtres de 21 jeunes hommes et garçons par la police "apparemment sans justification".
"Bien que de nombreux assassinats par la police aient été bien documentés à la fois par les institutions de l'État et les organisations de défense des droits, les agents de sécurité ont rarement été tenus pour responsables, y compris par l'autorité de surveillance de la police", a indiqué HRW dans son communiqué
Le 1er avril, le président kenyan Uhuru Kenyatta s'est excusé pour "certains excès" commis par la police dans l'application du couvre-feu, mais HRW l'a critiqué pour ne pas avoir demandé à la police de mettre fin aux abus.
Le porte-parole de la police kényane, Charles Owino, a admis qu'il y avait eu des problèmes mais a assuré qu'ils avaient été traités. Il a aussi critiqué HRW pour avoir "diabolisé la police"
"Nous avons des mécanismes pour traiter les policiers dévoyés et en fait nous avons eu un problème dans les premiers jours (du couvre-feu) et ces cas individuels ont été traités. Certains policiers ont été suspendus et d'autres limogés", a-t-il expliqué à l'AFP.