L'opposition reporte l'investiture de son leader Raila Odinga au Kenya

Raila Odinga, le leader de l'opposition, à Nairobi, au Kenya, le 28 novembre 2017.

L'opposition kényane a annoncé dimanche repousser sine die l'investiture comme président par "l'Assemblée du peuple" de son leader Raila Odinga, prévue mardi, sans pour autant y renoncer.

"Après d'approfondies consultations internes et des discussions avec de nombreux interlocuteurs nationaux et internationaux", la coalition d'opposition Nasa a décidé de "reporter à une date ultérieure" l'investiture de M. Odinga, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Le jour de la cérémonie d'investiture du président sortant Uhuru Kenyatta, le 28 novembre, M. Odinga avait promis à ses partisans qu'il serait lui-même investi président le 12 décembre par "l'Assemblée du peuple", une initiative aux contours assez flous lancée par l'opposition dans le cadre d'une campagne de "résistance".

Cette promesse suscitait l'inquiétude de nombreux observateurs, qui redoutaient qu'elle ne ravive les tensions, après quatre mois d'un processus électoral ayant profondément divisé le pays et alors que le calme est revenu depuis fin novembre.

M. Odinga avait subi ces derniers jours la pression d'ambassadeurs occidentaux, de leaders religieux et de certains responsables de Nasa, pour ne rien faire qui puisse le pousser hors du cadre constitutionnel.

Jeudi, le procureur général du Kenya, Githu Muigai, l'avait averti qu'une telle investiture pourrait équivaloir à un crime de "haute trahison", théoriquement passible de la peine de mort, même si celle-ci n'est plus appliquée au Kenya depuis 1987.

Nasa affirme toutefois n'avoir pas renoncé à son projet. "Nous voulons assurer (les Kényans) que notre détermination n'a pas changé", ajoute le communiqué, qui insiste sur le fait qu'aucun dialogue national ne peut avoir lieu sans évoquer la "justice électorale".

"Nous annoncerons les nouvelles dates à la fois de la cérémonie d'investiture et du lancement de l'Assemblée du peuple, ainsi que (les méthodes d'une) résistance plus vigoureuse et prolongée dans les prochains jours", a précisé Nasa.

Après avoir obtenu l'invalidation en justice de la réélection de M. Kenyatta à l'élection du 8 août, Raila Odinga avait boycotté la nouvelle élection, organisée le 26 octobre. M. Kenyatta a été réélu avec 98% des voix, mais sa victoire a été ternie par la faible participation (39%).

M. Odinga continue de contester la légalité et la légitimité de la victoire de son rival à l'élection d'octobre, validée cette fois-ci par la Cour suprême.

Cette saga électorale, émaillée de violences ayant fait au moins 58 morts depuis le 8 août, a profondément polarisé le pays, lui rappelant ses profondes divisions ethniques, géographiques et sociales.

Avec AFP