Kerry informe les monarchies du Golfe des discussions sur l'Iran

John Kerry (à g.) et le ministre saoudien des Affaires étrangères Saud bin Faisal bin Abdulaziz al-Saud à Riyadh (Reuters)

Le chef de la diplomatie américaine est arrivé à Ryad tard mercredi soir après trois jours de discussions avec son homologue iranien Mohammad Jawad Zarif à Montreux (Suisse).

RYAD (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré jeudi le roi d'Arabie saoudite et les chefs de la diplomatie des monarchies du Golfe pour les informer de l'avancée des négociations sur le programme nucléaire iranien et les rassurer sur le fait qu'un éventuel accord des Etats-Unis avec leur ennemi iranien n'irait pas à l'encontre de leurs intérêts.

Le chef de la diplomatie américaine est arrivé à Ryad tard mercredi soir après trois jours de discussions avec son homologue iranien Mohammad Jawad Zarif à Montreux (Suisse), au terme desquels il a fait état de "progrès" sans percée décisive.

La Chine, un des six pays qui participe aux négociations sur le nucléaire iranien, a estimé jeudi qu'un accord semblait à portée de main. "Nous pensons vraiment que nous sommes à la dernière étape et nous espérons parvenir à un accord", a déclaré Wang Qun, directeur général du département chargé du contrôle des armes au ministère chinois des Affaires étrangères.

"En somme, il y a deux catégories de questions, a-t-il ajouté. D'abord celles concernant la levée des inquiétudes liées à la non-prolifération et en second lieu celles relatives à la garantie des droits des Iraniens à l'usage civil (de la technologie nucléaire)."

Les discussions se poursuivent ce jeudi sur les rives du lac Léman au niveau des directeurs politiques du groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) avec des représentants de l'Iran et de l'Union européenne. L'Iran et le groupe P5+1 se sont donnés jusqu'à fin mars pour conclure un accord sur les grandes lignes d'un règlement, et jusqu'à la fin juin pour conclure un accord définitif.

L'IRAK CONFIANT

L'hypothèse d'un tel accord inquiète Israël, qui a clairement exprimé son opposition par la voix de son Premier ministre Benjamin Netanyahu mardi devant le Congrès américain, mais aussi les pétromonarchies sunnites du Golfe, qui redoutent de voir l'Iran chiite se doter de l'arme atomique et accroître encore son influence dans la région.

L'Iran et l'Arabie saoudite, en particulier, sont déjà en conflit par procuration en Syrie, en Irak, au Bahreïn, au Liban et au Yémen. Le gouvernement irakien, qui est proche de l'Iran, s'est dit confiant sur l'issue des négociations. "Nous estimons que ces discussions permettront de parvenir à une solution de paix et résoudront les points controversés", a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al Djaafari lors d'une conférence sur le désarmement organisée par les Nations unies.

Pour tenter d'apaiser les réticences des alliés arabes de Washington, John Kerry a réuni jeudi matin les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et le sultanat d'Oman. Il a ensuite été reçu par le nouveau monarque saoudien, le roi Salman, dans la banlieue de Ryad. Il doit aussi être reçu par le prince héritier Mohamed bin Nayef, qui détient le portefeuille de l'Intérieur.

Le secrétaire d'Etat américain s'est également entretenu à l'aube avec son homologue omanais Youssef bin Alaoui bin Abdallah, qui avait facilité l'organisation des discussions secrètes américano-iraniennes qui ont abouti à la signature de l'accord intérimaire de Genève en novembre 2013.