L'actrice Charlize Theron rêve d'une Afrique du Sud sans sida

L’actrice sud-africaine Charlize Theron aux Oscars, au théâtre Dolby, à Los Angeles, 26 février 2017.

C'est l'autre rêve de Charlize Theron. Loin des caméras, des tapis rouges et des couvertures de magazines, l'actrice d'origine sud-africaine espère débarrasser son pays du fléau du sida et y favoriser la naissance d'une génération épargnée par le virus.

Fondatrice du Charlize Theron Africa Outreach Project, l'héroïne de "Atomic Blonde", son dernier film, finance des programmes de soutien aux communautés frappées par la maladie.

"Nous devons réagir et dire +ça suffit, il faut que ça s'arrête+", déclare l'ex-mannequin lors d'un entretien accordé cette semaine à l'AFP en marge d'une visite à Johannesburg.

"Ce n'est qu'une question de moyens", ajoute-t-elle.

L'Afrique du Sud affiche l'un des plus hauts taux de prévalence du sida de toute la planète, avec 7 millions de personnes de 15 à 49 ans contaminées, soit plus de 19% de sa population totale, selon les statistiques de l'Onusida. Les jeunes femmes sont particulièrement touchées par la maladie.

Selon le gouvernement de Pretoria, 3,4 millions de malades bénéficient aujourd'hui d'un traitement.

En soutenant avec d'autres ONG ou fondations des projets comme celui des Choma Dream Cafes, un réseau interactif destiné à l'éducation et la formation des adolescentes, Charlize Theron pense pouvoir enrayer puis faire reculer l'épidémie.

"Ma conviction personnelle, c'est que nous n'arrêterons jamais le VIH simplement en le traitant... ce n'est pas possible", dit-elle.

"On ne peut pas attendre que les gens soient infectés par le virus et penser qu'on va ensuite le stopper. Il faut investir dans la jeunesse avant qu'elle ne devienne séropositive".

Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans "Monster", Charlize Theron, 42 ans, se dit "incroyablement fière" des efforts déployés aujourd'hui par l'Afrique du Sud contre la maladie.

Les autorités du pays ont longtemps été critiquées pour les manques de leur politique de prévention.

- 'Sexisme et pauvreté' -

L'ancien président Thabo Mbeki (1999-2008) avait suscité un tollé en niant le lien entre le virus VIH et le développement du sida qu'il disait lié à la malnutrition et au manque d'hygiène.

Charlize Theron, qui a quitté son pays natal adolescente et a obtenu depuis la nationalité américaine, estime que les inégalités entre hommes et femmes et la misère jouent un rôle majeur dans la propagation du virus.

En 2016, elle a suscité la polémique lors de la conférence de l'Onu sur le sida à Durban (est de l'Afrique du Sud) en lançant lors d'un discours que l'épidémie se nourrissait "du sexisme, de la pauvreté et de l'homophobie".

"Je maintiens ce que j'ai dit l'an dernier", insiste la native de Benoni, près de Johannesburg.

"Lorsqu'on regarde le VIH et le sida, il faut prendre en compte tous les facteurs qui favorisent leur propagation (...), il faut essayer de comprendre pourquoi tous ces gens en sont victimes".

Cette semaine, Charlize Theron a tenu à passer du temps avec des filles et adolescentes de Soweto.

Dans le célèbre township de Johannesburg frappé par la pauvreté et le chômage, le Choma Dreams Cafe tente de leur délivrer de façon ludique des conseils de prévention.

Certaines de ces filles âgées de 6 à 18 ans ont perdu leurs parents, victimes de la maladie, et sont particulièrement exposées aux violences sexuelles.

"Je pense que si on peut les +accrocher+ avant qu'elles ne deviennent séropositives, on peut alors leur expliquer que la maladie est évitable à 100% et que la séropositivité n'est pas une fatalité", répète Charlize Theron.

"Je suis persuadée qu'à cette condition il est possible de réduire le nombre des infections", conclut-elle.

Le Choma Dreams Cafe de Soweto est l'un des quarante centres de prévention répartis dans les deux plus grandes provinces sud-africaines, le Gauteng et le KwaZulu-Natal.