L'administration Trump adresse une "mise en garde" à l'Iran

Michael Flynn, Trump Tower, New York, le 30 novembre 2016. 2016.

L'administration du président américain Donald Trump a adressé mercredi une mise en garde à l'Iran dont elle a dénoncé "le comportement déstabilisateur" au Moyen-Orient, citant en particulier le récent tir de missile confirmé par Téhéran.

Critiquant l'attitude de l'ancien président démocrate Barack Obama vis-à-vis de la République islamique, la Maison Blanche a affiché sa volonté de faire preuve d'une plus grande fermeté tout en restant évasive sur la nature des éventuelles mesures à l'étude.

"A partir d'aujourd'hui, nous mettons officiellement l'Iran en garde", a déclaré Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump et ancien chef du renseignement militaire américain, sans autres précisions.

Calendrier surprenant: cet avertissement a été lancé quelques heures avant que l'ex-PDG d'ExxonMobil Rex Tillerson ne prête serment pour prendre les rênes de la diplomatie américaine.

Le ministre iranien de la Défense, le général Hossein Dehghan, a confirmé qu'un "test" de missile avait été effectué, tout en assurant qu'il n'était en contradiction ni avec l'accord nucléaire de juillet 2015 conclu avec six grandes puissances ni avec la résolution 2231 de l'ONU qui l'a entériné.

Cette résolution appelle l'Iran "à ne mener aucune activité liée à des missiles balistiques conçus pour emporter une tête nucléaire". Téhéran a toujours affirmé que ses missiles n'étaient pas conçus dans ce but.

Il y a deux jours, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avait appelé les Etats-Unis à ne pas chercher de "prétexte" pour créer de "nouvelles tensions" entre les deux pays.

La tension entre Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 au lendemain de la révolution islamique de 1979, s'est brutalement accentuée après l'entrée en fonctions le 20 janvier du républicain Donald Trump.

Le gouvernement iranien a ainsi décidé d'appliquer le principe de réciprocité après la décision de Washington d'interdire pour trois mois l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran.

De nombreux Iraniens, qui sont au moins un million à vivre légalement aux Etats-Unis, se sont retrouvés bloqués dans plusieurs aéroports à travers le monde après cette décision qualifiée de "honteuse" par Téhéran.

Accords avec Téhéran 'inefficaces'

Selon la nouvelle ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, le missile testé dimanche pouvait transporter une charge de 500 kilogrammes et avait un rayon d'action de 300 kilomètres. "C'est plus que suffisant pour emporter une arme nucléaire", a-t-elle estimé, promettant que les Etats-Unis ne resteraient pas "les bras croisés".

Evoquant le récent tir de missile mais aussi des attaques menées par des rebelles Houthis "entraînés et armés par l'Iran" contre des navires saoudiens, M. Flynn a jugé que de tels actes affaiblissaient "la sécurité, la prospérité et la stabilité au Moyen-Orient et au-delà", et mettaient des vies américaines en danger.

"Nous examinons les options stratégiques", a indiqué peu après un responsable américain sous couvert d'anonymat. "Nous sommes dans notre deuxième semaine, nous ne voulons pas agir d'une manière qui réduirait nos options ou contribuerait de manière inutile à une réponse négative".

Rappelant que Donald Trump avait vivement critiqué "les divers accords conclus entre l'Iran et l'administration Obama" considérés comme "faibles et inefficaces", M. Flynn a déploré que l'Iran se sente encouragé par ces derniers.

Les intentions de Donald Trump sur l'accord international sur le nucléaire iranien, qui a entraîné le levée d'une grande partie des sanctions internationales frappant Téhéran, sont entourées d'un certain flou.

Durant sa campagne, le milliardaire avait promis de "déchirer" cet accord, considéré comme une victoire diplomatique à la fois pour Barack Obama et pour son homologue iranien Hassan Rohani.

Mais depuis son arrivée au pouvoir, il n'a pas pris clairement position sur le sujet.

Lors d'un entretien téléphonique lundi, M. Trump et le roi Salmane d'Arabie saoudite se sont déclarés (dit-on) pour une "application rigoureuse" de l'accord.

Avec AFP