"Il n'y a pas de sentiment anti-français au Mali. Il y a eu, à un moment donné, un ressenti au sein de la population contre la présence militaire française", a déclaré Toumani Djimé Diallo devant la commission Défense du Sénat, qui recevait les ambassadeurs des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad).
"D'abord, avec tant d'hommes et de moyens déployés, on s'attendait à plus de résultats, moins coûteux en vies humaines. D'autre part, je vais vous parler franchement, dans ces forces, il y a des officiers, l'armée normale mais aussi la Légion étrangère. C'est là le problème", a-t-il souligné.
Lire aussi : Front uni du G5 Sahel et de la France contre les jihadistes, Macron s'indigne des discours anti-français"Par moments, dans les Pigalle de Bamako, vous les retrouvez, tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n'est pas celle que nous connaissons de l'armée (française). Ca fait peur, ça intrigue", a-t-il poursuivi.
Les soldats de la Légion sont régulièrement déployés au Sahel dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane.
Parmi les 600 renforts récemment annoncés par le président français Emmanuel Macron figurent notamment des éléments du 2e régiment étranger parachutiste (REP).
"C'est bien, parce qu'il sont connus pour être âpres à la bataille, âpres au combat, mais ils sont aussi âpres au gain (...) il y a des débordements qui posent problème", a affirmé l'ambassadeur malien sans plus de détails.
"Le président Ibrahim Boubacar Keïta l'a dit: tous ceux qui aujourd'hui au Mali appellent au départ des forces étrangères et notamment françaises sont des ennemis du Mali, des complices des jihadistes (...) mais il faut que le comportement de certains éléments de l'armée ne laissent pas à désirer", a-t-il insisté.
"Certains font n'importe quoi dans les rues de Bamako, ce n'est pas bon pour l'image de la France", a-t-il conclu, tout en saluant à plusieurs reprises l'engagement français au Sahel.
"Nous prenons note, mais nous souhaitons réaffirmer notre solidarité envers nos forces armées", a réagi le président de la commission du Sénat, Christian Cambon. "Dans toute société, dans toute organisation, certains se comportent moins bien que d'autres, mais ça ne peut pas porter atteinte à l'ensemble des forces françaises qui font un travail remarquable dans un environnement très difficile".
"S'il y a des manquements, il y a des autorités militaires qui sont tout à fait adaptées pour corriger ces choses", a-t-il fait valoir.