L'Amérique est suspendue lundi à la possible inculpation pénale, voire arrestation symbolique, à New York de l'ancien président Donald Trump pour une affaire de paiement en 2016 à une actrice de films pornographiques avec qui il aurait eu une liaison, une "chasse aux sorcières" selon le milliardaire, qui appelle à des manifestations.
Lire aussi : Enquête sur l'élection américaine de 2020: un témoin aurait menti aux autoritésPourquoi? Citant des "fuites" de la justice de l'Etat de New York, Donald Trump s'attend à être inculpé au pénal à l'issue d'une enquête de plusieurs années des procureurs du district de Manhattan, avec à leur tête depuis un an le magistrat Alvin Bragg. Jamais un chef d'Etat américain, en exercice ou ayant quitté la Maison Blanche, n'a été mis en examen.
Manifestation "pacifique"
Le 45e président américain, battu par Joe Biden en novembre 2020 et qui rêve d'être réélu en novembre 2024, a appelé ses partisans à "manifester", et un premier rassemblement "pacifique" de jeunes trumpistes est prévu à 18H00 (22H00 GMT) dans le sud de l'île new-yorkaise de Manhattan.
Face aux craintes de tensions voire de violences dans cette ville démocrate mais où le natif Donald Trump a des soutiens, la police municipale (NYPD) a répondu à l'AFP que son "état de préparation était une constante de tous les instants et à toutes les éventualités", et qu'elle se "coordonnait" avec la police fédérale (FBI) et le parquet de Manhattan.
M. Trump, un homme d'affaires de 76 ans qui a durablement modifié l'équilibre des pouvoirs aux Etats-Unis, s'en est encore pris lundi aux services "corrompus" du procureur Bragg, un magistrat afro-américain, démocrate et élu (comme tous les juges et procureurs). Une avocate du milliardaire, Susan Necheles, avait dénoncé samedi auprès de l'AFP des "poursuites politiques". L'affaire de l'actrice porno Stormy Daniels est juridiquement complexe.
La justice new-yorkaise cherche à déterminer si Trump est coupable de fausses déclarations une infraction ou de manquement aux lois sur le financement électoral un délit pénal en ayant versé 130.000 dollars à cette femme, de son vrai nom Stephanie Clifford, dans les semaines précédant l'élection de novembre 2016. Dans quel but? Pour qu'elle taise une supposée relation extraconjugale, selon l'accusation.
L'affaire s'accélère
"Il n'y a pas de délit", s'est encore défendu lundi Donald Trump, en lettres majuscules sur Truth Social. L'enquête s'est accélérée la semaine dernière. Michael Cohen, ancien avocat de Trump ayant effectué le versement en 2016 et devenu son ennemi depuis, ainsi que l'actrice ont témoigné devant un grand jury, un panel de citoyens américains doté de larges pouvoirs d'enquête et chargé d'entériner une mise en examen.
Donald Trump a aussi été invité à s'exprimer devant ce grand jury, selon la presse américaine. Un autre de ses avocats avait répondu qu'il se "rendrait" volontiers à une convocation de la justice new-yorkaise. "Les procureurs n'invitent presque jamais la cible de l'enquête à témoigner devant le grand jury à moins qu'ils n'aient l'intention de l'inculper", avait décrypté pour l'AFP le professeur de droit et ancien procureur, Bennett Gershman.
Selon son confrère Renato Mariotti, même en cas d'inculpation du milliardaire, il est probable que Donald Trump, qui habite à Palm Beach, en Floride, se rende volontairement au tribunal de Manhattan. Il y serait très symboliquement placé quelques instants en état d'arrestation, photographié, et ses empreintes digitales seraient relevées, et pourrait éventuellement être menotté quelques minutes.
Mais pour éviter d'en faire un "spectacle", le magnat de l'immobilier "n'arriverait probablement pas au tribunal (de Manhattan) par la porte de devant", afin de fuir les caméras et pour des raisons de sécurité, selon Robert McDonald, professeur de droit pénal et ancien du Secret Service, l'agence qui protège les dignitaires américains.
La principale crainte des autorités serait une répétition du chaos de l'assaut du Capitole de Washington le 6 janvier 2021, lorsqu'un Donald Trump battu dans les urnes en novembre 2020 avait appelé ses partisans à contester les résultats.
Dimanche, nombre de caciques républicains ont pris la défense de Trump, notamment son ancien vice-président Mike Pence, lequel a pourtant rompu avec lui depuis 2021, et pourrait l'affronter pour la nomination républicaine en vue de la présidentielle de 2024.