L'ancien président malien Bah Ndaw n'est plus en résidence surveillée

Le président intérimaire du Mali, Bah Ndaw, prête serment lors de sa cérémonie d'investiture à Bamako, au Mali, le 25 septembre 2020.

Les autorités maliennes ont levé "toutes les mesures restrictives" imposées aux anciens président et Premier ministre de transition Bah Ndaw et Moctar Ouane, évincés le 24 mai par les militaires et depuis maintenus en résidence surveillée selon leur entourage, a annoncé la Cédéao vendredi.

Le comité instauré pour suivre la transition ouverte après un premier coup d'Etat militaire en août 2020 "se félicite de la décision du gouvernement de lever toutes les mesures restrictives concernant" Bah Ndaw et Moctar Ouane, a déclaré dans un communiqué la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, médiatrice dans la crise malienne.

Les deux hommes ont été arrêtés le 24 mai dans un second coup de force mené par le colonel Assimi Goïta et les militaires arrivés au pouvoir par un putsch le 18 août 2020. MM. Ndaw et Ouane venaient de s'entendre sur un nouveau gouvernement écartant des figures de la junte.

Moctar Ouane

Le gouvernement malien affirme vendredi soir avoir "accueilli favorablement la mission de bons offices" du comité de suivi de la transition, sur Twitter.

Il "se félicite de l'issue heureuse des démarches menées par ledit comité (de suivi de la transition) ayant abouti" à la "levée des mesures de surveillance spéciales qui étaient mises en place" concernant les deux anciens dirigeants.

"Dénouement d'une situation difficile"

Il "souligne la nécessité du respect des engagements pris par les acteurs concernés à faire preuve d'esprit de responsabilité, d'attachement à l'intérêt national, au respect de la loi et de s'abstenir de toute action pouvant impacter le bon déroulement de la transition".

L'ancien Premier ministre de transition Moctar Ouane s'est "réjoui de recouvrer un droit essentiel consacré dans notre Constitution, celui d'aller et de venir", dans un communiqué vendredi soir. Il a remercié le comité de suivi de la transition dont l'action a permis "le dénouement d'une situation difficile".

La mise à l'écart de Moctar Ouane et de Bah Ndaw avait été officiellement présentée comme une démission.

Assimi Goïta s'est depuis fait investir aux fonctions de président de transition et a nommé un nouveau Premier ministre.

Bah Ndaw et Moctar Ouane étaient sous le coup d'une résidence surveillée qui ne disait pas son nom, selon ceux qui ont été en contact avec eux. Les autorités invoquaient les nécessités de leur protection.

Les deux hommes n'ont pu encore s'exprimer publiquement sur les évènements de mai.

Ils avaient saisi la Cour de justice de la Cédéao et cette dernière avait donné au gouvernement malien jusqu'à samedi pour justifier leur situation, avait rapporté leur avocat Mamadou Ismaïla Konaté.

La plus grande incertitude règne encore sur l'avenir du pays pris dans la tourmente des insurrections indépendantiste et jihadiste de 2012.

Insécurité et scepticisme

L'insécurité continue de s'étendre malgré la présence de forces française, onusienne et étrangères, la crise sociale persiste et les avancées politiques sont lentes un an après le putsch de 2020.

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM, affilié à Al-Qaïda) a revendiqué vendredi une opération qui a coûté la vie à 17 soldats maliens selon une source sécuritaire, et une attaque à l'engin explosif improvisé contre un véhicule de la mission de l'ONU qui l'a précédée le 19 août dans la région de Douentza (centre), a rapporté l'ONG spécialisée SITE.

Les militaires se sont engagés à céder la place à des civils après des élections prévues en février 2022. A six mois de l'échéance, le scepticisme va grandissant sur le respect de cet engagement et des voix s'élèvent pour une prolongation de la transition.

Dans ce contexte, le placement sous mandat de dépôt, jeudi, d'un poids lourd de la politique, Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre de 2017 à 2019, a divisé l'opinion entre ceux qui ont salué son arrestation au nom de la lutte contre la corruption et l'impunité, et ceux qui redoutent une manœuvre pour contrecarrer les ambitions présidentielles qui lui sont prêtées.