Malgré un règne marqué par le déclin de l'empire britannique et quelques scandales royaux, Elisabeth II fête jeudi ses 90 ans au zénith de sa popularité.
Celle qui règne depuis plus de 64 ans sur le trône britannique a vu passer 12 Premiers ministres différents et a côtoyé Nehru, l'empereur Hirohito, Charles de Gaulle. Mandela l'appelait "mon amie". Elle a assisté à la construction puis la chute du mur de Berlin.
Les républicains ont beau dénoncer un système fondé sur l'hérédité, les privilèges et le monothéisme, elle apparaît comme un ciment pour le Royaume-Uni multi-ethnique et tiraillé par les régionalismes.
Née Elisabeth Alexandra Mary Windsor le 21 avril 1926, la princesse "Lilibet", boucles blondes et sourire canaille, était destinée au mariage. Pas au trône.
Mais fin 1936, son oncle Edouard VIII abdique sans progéniture.
Le père introverti d'Elisabeth devient alors George VI dit "le bègue".
C'en est fini de l'innocence. La fillette emménage dans l'austère palais de Buckingham. A sa nounou, elle demande: "C'est pour toujours?".
Le serment du Cap
A l'occasion de son 21e anniversaire, depuis la ville du Cap, elle profère le serment de son consacrer sa vie, "qu'elle soit longue ou brève", au service de ses sujets.
Le 20 novembre 1947, Elisabeth épouse son contraire, Philip, un lointain cousin désargenté et en exil, gaffeur invétéré qui renonce à ses titres de prince de Grèce et du Danemark et à sa carrière dans la Royal Navy. "Il a été mon roc", confiera-t-elle des décennies plus tard.
Lorsque George VI meurt à 56 ans, en 1952, sans avoir eu de fils, elle a 25 ans et deux enfants: Charles (né en 1948) et Anne (1950). Deux autres suivront, Andrew (1960) et Edouard (1964).
Ses fonctions sont éminemment cérémonielles et non-partisanes. Au Parlement, elle lit une fois l'an le programme gouvernemental.
Vêtue de sempiternelles tenues aux tons acidulés, elle sillonne les 54 pays du Commonwealth parmi lesquels les 15 nations dont elle reste la souveraine, dont l'Australie et le Canada.
Un blason terni, puis redoré
En 1981, son héritier Charles épouse Diana. Le conte de fée vire rapidement au cauchemar.
1992 est une "annus horribilis" de l'aveu de la reine. Les couples de trois de ses enfants explosent, tandis que son château de Windsor est la proie des flammes.
En 1997, la souveraine mutique apparaît déphasée quand ses sujets pleurent la disparition de Diana, morte accidentellement à Paris.
S'ensuit une impressionnante restauration de son prestige, servie par une infaillible machine à communiquer. La souveraine, critiquée pour sa fortune, sacrifie son yacht "le Britannia", paye des impôts et réduit son train de vie.
Après le décès de "Queen Mum" à 101 ans, elle "s'impose comme la figure maternelle incontestée du pays", souligne l'historien Robert Lacey.
Le mariage en 2011 de son petit-fils William avec la roturière Kate Middleton offre une image modernisée de la famille royale, encore renforcée par la naissance de leurs deux enfants, George en 2013 et Charlotte en 2015.
Jubilé de 2012 pour ses 60 années de règne
En 2012, le Royaume jubile pour le soixantième anniversaire son règne. Une popularité qui ne se dément pas. Un récent sondage montre que 70% des Britanniques interrogés souhaitent que cette arrière-grand-mère reste reine le plus longtemps possible.
Si la souveraine se fait régulièrement représenter par le prince Charles, 67 ans, il n'est donc pas question d'abandonner sa charge, s'accordent l'ensemble des spécialistes, même si certains n'excluent pas la possibilité d'une régence si elle venait à être dans l'incapacité de tenir son rang.
Celle que le Daily Telegraph présente comme "la femme la plus célèbre du monde" a visité 117 pays, posé pour 139 portraits, lu des milliers de discours mais n'a jamais accordé d'interview, préservant ainsi ses secrets.
Le très officiel site "British Monarchy" révèle qu'elle monte toujours à cheval. Les rarissimes indiscrétions de ses valets assurent qu'elle affectionne les pronostics hippiques du Sporting Life, le Gin-Dubonnet et les mots croisés.
Avec AFP