L’Angola de l’après Sabimbi

L'Angolais Jonas Savimbi, lors de la conférence de presse, après sa rencontre avec la délégation sud-africaine conduite par le président Nelson Mandela, ici à Umtata dans le Cap-Oriental le 8 janvier 1997.

Il y a seize ans, jour pour jour, Jonas Malheiro Savimbi était abattu d'une quinzaine de balles, à une dizaine de kilomètres de la Zambie. L’homme avait incarné les 27 ans de lutte, de résistance contre le colonisateur et finalement d’opposition armée contre le régime de l'après indépendance en Angola.

Depuis son décès, le 22 février 2002, bien des choses ont changé au pays.

A la tête de l’Angola, trône depuis le 24 septembre 2017, Joao Manuel Gonçalves Lourenço.

Le nouveau président a été élu à l’issue des élections générales organisées en raison de la maladie de José Eduardo Santos, 38 ans au pouvoir, du même parti, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) qui règne en Angola depuis 1974.

Le parti créé le 13 mars 1966 par M. Savimbi, l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), mouvement de libération puis d’opposition depuis la fin de la guerre, a perdu beaucoup de son envergure depuis la mort de son leader, n’étant plus que l’ombre de ce qu’il était.

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Les élections générales de septembre dernier en ont témoigné.

L’Unita qui passait sous Savimbi pour la principale force d’opposition, se classe désormais en troisième place après le MPLA et le FNLA (Front national de libération de l’Angola), les deux autres anciens mouvements de libération qui ont aussi lutté contre la dictature du colonisateur portugais, jusqu’à l’indépendance de l’Angola, le 16 novembre 1976.

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M. Lourenço, qui avait également lutté contre le colonisateur au sein du MPLA, a, depuis sa prise de pouvoir, annoncé vouloir se départir du sentier de la corruption qui gangrène son pays. D’où, le nettoyage qu’il a amorcé dans des entreprises publiques et au sein du parti.

Le nouveau président angolais écarte des proches d’Eduardo dos Santos de la gestion du pays. L’une de ses premières cibles a été la fille milliardaire de l’ex-président, Isabel, révoquée de la tête de société nationale de pétrole.

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Tout comme son pays, l’héritage politique de Savimbi avait déjà commencé à prendre une autre direction bien avant l’assassinat de Savimbi.

Au niveau de l’Unita, beaucoup de cadres ont mordu à l’appât du pouvoir après l’accord de Bicesse en 1991 et la victoire de Dos Santos aux élections de 1992 que M. Savimbi avait toujours contestée.

L’accord de Lusaka, fin 1994, jamais véritablement appliqué, n’avait pas arrangé les choses pour Savimbi, de son vivant.

Ce que M. Savimbi avait tiré de l’accord est qu’il avait pu rentrer à Luanda, la capitale. Et, cela ne l’avait pas empêché à reprendre les armes. Mais seulement, le moment n’était pas bon.

Car lui qui avait, à un certain moment, contrôlé jusqu’à près de 80% du territoire avec son mouvement constitué à majorité d’Ovimbendus (plus du tiers de la population), ne pouvait plus tenir face aux forces loyalistes, décidées d’en finir avec lui.

M. Savimbi avait en fait perdu tout soutien, excepté celui du président du Zaïre (actuellement la République démocratique du Congo), Mobutu Sese Seko, dont le pays a servi longtemps de base arrière aux troupes de l’Unita.

La chute de Mobutu en 1997 a sonné la fin de 27 ans de guerre dans laquelle M. Savimbi s’était engagé.

M. Savambi a même été tué grâce aux informations des services de renseignements américains.

Connu pour le trafic du diamant et autres matières premières qu’il faisait, M. Savimbi est mort à 67 ans sans avoir accédé au pouvoir qu’il convoitait dans son pays.