Le souverain saoudien, 82 ans, a évité d'évoquer le conflit en Syrie 24 heures après des frappes occidentales contre des cibles du régime de Bachar al-Assad, dans son discours lors de cette 29e rencontre annuelle à Dhahran (est).
Le roi, dont le pays est un proche allié des Etats-Unis, a rejeté la décision de l'administration de Donald Trump de transférer, en principe à la mi-mai, l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
"Nous réitérons notre rejet de la décision américaine concernant Jérusalem", a-t-il déclaré, ajoutant que "Jérusalem-Est est une partie intégrante des territoires palestiniens".
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"Je nomme le sommet de Dhahran sommet de Jérusalem pour que tout le monde sache que la Palestine et son peuple restent au coeur des préoccupations des Arabes", a proclamé le roi saoudien.
Il a annoncé un don de 150 millions de dollars "pour soutenir l'administration des biens islamiques" dans la partie est (palestinienne) occupée et annexée par Israël.
Rompant avec ses prédécesseurs, Donald Trump a annoncé en décembre que Washington reconnaissait officiellement Jérusalem comme la capitale d'Israël, provoquant l'ire des Palestiniens qui veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
L'Iran "agressif"
Début avril, le roi Salmane avait réaffirmé "la position inébranlable du royaume sur la question palestinienne et les droits légitimes du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale", alors que le processus de paix israélo-palestinien est au point mort.
Mais son fils, le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, 32 ans, avait au même moment estimé que les Israéliens avaient aussi le "droit" d'avoir leur propre Etat, envoyant ce qui semble être un nouveau signal de rapprochement avec Israël qui, comme Ryad, considère Téhéran comme sa bête noire.
L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, les deux puissances rivales dans la région, sont engagés depuis des années dans des conflits par alliés interposés, que ce soit en Syrie au Yémen, en Irak ou au Liban.
"Nous renouvelons notre ferme condamnation des actes terroristes commis par l'Iran dans la région arabe et rejetons ses ingérences flagrantes dans les affaires des pays arabes", a dit le roi Salmane dimanche.
Il a également dénoncé l'attitude "agressive" de l'Iran accusé "de menacer la sécurité de la nation arabe".
Ryad a pris en 2015 la tête d'une coalition au Yémen voisin en soutien au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi contre l'avancée des rebelles proiraniens qui multiplient les tirs de missiles sur l'Arabie saoudite.
Fait nouveau, les rebelles ont commencé à tirer des drones sur des cibles dans le sud saoudien, amenant le gouvernement yéménite à accuser l'Iran de fournir ces appareils à leurs alliés.
L'Iran se défend d'armer les rebelles, bien qu'il reconnaisse les soutenir politiquement.
Reprendre l'initiative sur la Syrie
Le souverain saoudien a aussi évoqué le défi du "terrorisme", mais évité de parler de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et du différend avec le Qatar.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Ahmed Aboul Gheit, a appelé les pays arabes à "reprendre l'initiative en Syrie et à élaborer une stratégie en vue de relancer la recherche d'une solution politique".
Samedi, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé des frappes ciblées contre le régime Assad, allié à l'Iran et la Russie, en représailles à une attaque chimique présumée contre une enclave rebelle.
Avant le sommet, l'Arabie saoudite et le Qatar, qu'une crise oppose à propos de l'appui présumé de Doha à des groupes extrémistes, avaient tous deux apporté leur soutien à l'action militaire occidentale en Syrie.
Le conflit syrien unit Ryad et ses alliés, qui soutiennent des rebelles principalement sunnites. L'Iran et son allié chiite, le Hezbollah libanais, appuient M. Assad.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, était absent du sommet de Dhahran, auquel participaient 17 chefs d'Etat ou de gouvernement des 22 membres de la Ligue des Etats arabes. Le Qatar était représenté par son représentant auprès de la Ligue arabe.
Ce genre de réunion n'aboutit que très rarement à des actions concrètes. La dernière fois que la Ligue arabe, créée en 1945, a pris une décision forte remonte à 2011, quand elle a suspendu la Syrie en raison des responsabilités de son président dans la guerre.
Avec AFP