L'armée sud-soudanaise accuse un général démissionnaire de malversations

Des Casques bleus patrouillent dans les rues de Juba, au Soudan du sud, le 20 janvier 2014.

L'armée du Soudan du Sud, réagissant à la récente démission d'un influent général critique envers le régime, a accusé le haut gradé d'avoir fui le pays pour échapper à des poursuites pour malversations.

Le général Thomas Cirillo Swaka, numéro deux de la division logistique au sein de l'état-major, reproche au président et à la SPLA (l'armée gouvernementale) d'avoir "systématiquement torpillé" un accord de paix signé en août 2015 pour mettre fin à la guerre civile, dans sa lettre de démission daté du 11 février.

Le général, membre de l'ethnie bari et qui a fui le Soudan du Sud pour une destination inconnue, les accuse également de poursuivre l'agenda du Conseil des aînés de l'ethnie dinka, dont le président Salva Kiir fait partie, à savoir une campagne de "nettoyage ethnique" et le "déplacement forcé de populations".

"La SPLA rejette fermement toutes les raisons inexactes et contradictoires qu'il a citées pour démissionner de l'armée nationale", a réagi le porte-parole de la SPLA, le général de brigade Lul Ruai Koang.

"Sa démission visait à échapper à ses responsabilités et à la justice après la mise au jour de la corruption massive au sein de sa division", a accusé le porte-parole.

Une enquête débutée en décembre "indique que Thomas a été personnellement et fortement impliqué dans une escroquerie où d'énormes quantités de rations de nourriture, de carburants, de lubrifiants et d'équipements ont été détournées pour une consommation personnelle, ont disparu, ont été volées ou revendues", a poursuivi M. Ruai.

"Il a démissionné de peur d'être arrêté en lien avec ces malversations", a assuré le porte-parole.

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12.000 Casques bleus.

Cette guerre, dans laquelle des atrocités ont été attribuées aux diverses parties au conflit, oppose principalement les troupes du président Kiir aux hommes de l'ancien vice-président Riek Machar, issu de l'ethnie nuer.

Les provinces d'Equatoria, d'où est originaire le général Cirillo, avaient été globalement épargnées par ces combats, mais ces six derniers mois, elles ont été le théâtre de violences à caractère ethnique, notamment dans la ville de Yei et ses environs.

Avec AFP