Sur plus de 1.700 cas de violations de droits humains répertoriés l’an dernier, le rapport énumère des meurtres, tortures, viols, enlèvements, incendies de maisons et de villages ou encore de marchés commis dans la plupart des cas par les forces de défense et les groupes armés, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest, en crise depuis novembre 2016.
D’après ce rapport, les forces de défense sont impliquées dans les cas les plus saillants de violation des droits humains par rapport aux groupes armés.
"C’est l’Etat du Cameroun qui doit nous rendre compte sur les mesures prises pour protéger les citoyens et répondre au besoin de protection et sécurité des populations, c’est pourquoi nous interpellons l’Etat face aux situations de violations ou de violence sur le territoire national sur tout individu", a commenté Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de Nouveaux Droits de l’Homme, co-auteur du rapport.
Les organisations de défense des droits humains mettent également en exergue une recrudescence des décès dans les unités de police et de gendarmerie.
"Des personnes qui ont été arrêtées et détenues ont trouvé la mort dans ces unités de gendarmerie et nous avons documenté ces cas. Avant il n’en était pas ainsi, mais l’an dernier, on a observé que les gendarmeries et les unités de police sont des lieux de torture qui aboutissent à des morts d’homme", renchérit Philippe Nanga, coordinateur de l’ONG Un monde avenir, co-auteur du rapport.
Les violations de droits politiques ont été également courantes.
Moussa Bello, un jeune militant du mouvement Stand up for Cameroon arrêté en septembre 2020 à Douala et qui a retrouvé la liberté le 21 janvier après avoir purgé 16 mois d’emprisonnement, a été accusé par le gouvernement d'incitation à l’insurrection.
"Nous avons subi des violences psychologiques, physiques tout au long de notre parcours pour aller dans notre cellule, les prisonniers de droit commun profitaient de l’occasion pour nous tabasser en disant que vous faites quoi ici, vous n’avez rien d’autre à faire que de marcher maintenant vous allez mourir en prison", a-t-il témoigné lors de la présentation du rapport sur ses conditions de détention.
Lire aussi : Plusieurs milliers de Camerounais fuient au Tchad des violences intercommunautairesLe sort de deux fonctionnaires de Médecins Sans Frontières accusés par l’armée de collusion avec les séparatistes anglophones a également intéressé les organisations de défense des droits humains.
Hilaire Kamga, porte-parole de la plateforme de la société civile camerounaise, produit un rapport annexe sur ce cas dans lequel il précise "On fait mentir l’Etat du Cameroun sur les deux fonctionnaires de Médecins Sans Frontières, qui n’ont fait que leur travail et qui n‘ont pas de raison d’être en prison aujourd’hui parce qu’il n’y avait aucune collusion entre les séparatistes ou les terroristes et ces agents de MSF".
Au regard de cette dégradation des droits humains au Cameroun, Franck Essi, membre du groupe de travail sur les droits humains du mouvement Stand up for Cameroon, a suggéré que certaines actions soient prises dans l’urgence.
Parmi ces actions: "la libération rapide des personnes non violentes qui ont été arrêtées dans le cadre de toutes les crises, la poursuite du dialogue au niveau national et sur le plan judiciaire la tenue des procès équitables pour ces nombreuses personnes qui font l’objet de surpopulation carcérale".
Le rapport annuel sur la situation des droits humains au Cameroun a été publié en présence des représentants de l’administration qui n’ont pas souhaité le commenter. Des diplomates français, suisse, américain et britannique ont assisté à la cérémonie.
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