Tigré: l'Erythrée nie les accusations américaines "diffamatoires" de crimes

ARCHIVES - Le président érythréen Issaias Afwerki (à dr.) accueille le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Asmara, en Erythrée, 8 juillet 2018.

L'Erythrée a qualifié mardi de "diffamatoires" et "sans fondement" les accusations de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'humanité" perpétrés selon Washington par son armée durant les deux ans de conflit dans la région éthiopienne du Tigré.

"Les accusations, qui ne sont pas nouvelles, ne s'appuient sur aucune preuve factuelle et incontestable", affirme le ministère érythréen des Affaires étrangères, à propos des allégations formulées la veille par le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

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Ces accusations "manifestent la poursuite de l'hostilité et de la diabolisation injustifiées dont l'administration américaine continue de faire preuve à l'égard de l'Erythrée depuis 2009 pour promouvoir ses desseins politiques cachés", assure Asmara.

Lundi soir, Antony Blinken a accusé tous les belligérants du conflit au Tigré forces progouvernementales et rebelles d'avoir commis des crimes de guerre, estimant que beaucoup d'entre eux n'étaient pas "dus au hasard" ou "une conséquence indirecte de la guerre" mais "calculés et délibérés".

Mais il a aussi accusé en particulier l'armée fédérale éthiopienne et ses alliées armée érythréenne et forces et milices de la région de l'Amhara de crimes contre l'humanité dont des "meurtres, viols et d'autres formes de violences sexuelles et de persécution" sans mentionner à ce sujet les forces des autorités rebelles du Tigré.

Cette "campagne bon marché de diabolisation vise à faire chanter et intimider l'Erythrée et le gouvernement fédéral éthiopien via des accusations fallacieuses", tout "en renforçant" les autorités rebelles du Tigré pour créer plus de chaos et "susciter des prétextes et conditions pour poursuivre une ingérence et une intervention illicites", poursuit le ministère érythréen.

Le régime érythréen a soutenu militairement le gouvernement fédéral éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed en envoyant au Tigré qui borde sa frontière sud des troupes pour combattre les forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui gouvernait la région et était entré en dissidence.

Le TPLF, qui a gouverné l'Ethiopie durant près de trois décennies jusqu'à l'arrivée au pouvoir de M. Abiy en 2018, est l'ennemi juré d'Asmara depuis une guerre ayant opposé les deux pays entre 1998 et 2000. La "guerre dévastatrice" au Tigré a été provoquée par le TPLF, dont les "crimes sont trop nombreux pour être rappelés mais ont été délibérément minimisés" par Washington, affirme Asmara.

Le gouvernement érythréen note aussi que les accusations américaines interviennent alors que la politique américaine est "contestée à travers le monde et particulièrement sur le continent africain". Addis Abeba et Asmara ont nié pendant des mois toute implication érythréenne au Tigré. En mars 2021, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait finalement admis la présence militaire érythréenne.

Washington a imposé fin 2021 des sanctions contre le parti au pouvoir en Erythrée et l'armée érythréenne, dont les troupes ont été accusées de multiples exactions tout au long du conflit, Un accord de paix a été signé en novembre 2022 entre le gouvernement éthiopien et les rebelles du Tigré, mais l'Erythrée n'a pas participé aux discussions.