L'immigration et la sécurité au coeur du cinquième sommet Europe-Afrique

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'UA, et Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'Union européenne, Bruxelles, Belgique, le 15 mai 2017.

L'immigration et la sécurité seront au coeur du cinquième sommet Europe-Afrique qui se tient mercredi et jeudi à Abidjan, où sont attendus 83 chefs d'Etat et de gouvernement.

Quelque 5.000 participants des 55 pays d'Afrique et de 28 pays d'Europe doivent prendre part à ce cinquième sommet Union européenne (UE) - Union africaine (UA) dans la capitale économique ivoirienne, ainsi que l'ONU et des organisations internationales.

- Esclavage/immigration

Le scandale international de la vente de migrants africains comme esclaves en Libye a de nouveau mis sur le devant de la scène, de façon tragique, la question de l'immigration africaine vers l'Europe.

Le président du Niger Mahamadou Issoufou a expressément demandé que la question de la vente aux enchères d'esclaves - une pratique dévoilée au grand public par un reportage de CNN mais déjà connue depuis des mois par les dirigeants occidentaux et africains, alertés par les ONG - soit mise à l'ordre du jour du sommet.

Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a demandé "des mesures urgentes et coordonnées entre les autorités libyennes, l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations Unies".

"La situation des migrants surtout en Libye lors de ces derniers mois et années est une source d'immense préoccupation pour nos deux continents. Les révélations d'esclavage et de traite d'êtres humains sont insupportables pour nous, des deux côtés - européen et africain -", a déclaré la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, devant le Parlement européen.

"Du côté européen, du côté africain, nous partageons le même objectif: celui de protéger les personnes et de démanteler les réseaux criminels. Finalement, je pense que dans les derniers dix, douze mois, nous avons trouvé la façon de travailler ensemble, avec un partenariat réel, profond, qui - je pense - peut arriver à avoir des résultats importants, a-t-elle estimé.

60% de la population africaine a moins de 25 ans et des centaines de milliers de jeunes désespérés par le chômage, la pauvreté et l'absence de perspectives dans leurs pays - en dépit de taux de croissance enviables pour certains d'entre eux - tentent d'émigrer vers l'Europe chaque année.

La population africaine a quasi doublé ces 25 dernières années (à 1,2 milliard d'habitants actuellement) et devrait encore doubler d'ici 2050, d'après les prévisions de l'ONU.

"Le sommet est important par son contexte, on a vu l'Union européenne évoluer dans son agenda, dans son intérêt pour l'Afrique. Le contexte (lié à la migration et à la sécurité) a ramené des pays européens, de grands pays comme l'Allemagne, à s'intéresser au continent, l'Europe voit que l'Afrique fait partie de son espace géopolitique. Les défis ne manquent pas", note un ministre de l'UA.

"Qu'est-ce que l'Afrique représente pour l'Europe: un risque, une menace à contenir ? Une opportunité ? Est-ce que l'Europe à 28 est suffisamment mûre pour venir développer une vision africaine ? On ne sent pas de vision africaine", estime le ministre de l'UA.

- Sécurité/menace djihadiste

La question de la sécurité et des menaces terroristes devrait aussi être discutée par les chefs d'Etat et de gouvernement, alors que l'Afrique de l'Ouest notamment connaît depuis quelques années une montée en puissance de groupes djihadistes, d'ailleurs en partie liée à la désespérance de la jeunesse africaine, selon des analystes.

L'UE affiche son soutien au G5 Sahel, un groupe de cinq pays (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) qui s'efforce de mettre en place une force antidjihadiste dans cette région, mais le financement de cette force est encore largement insuffisant.

Seule la moitié du budget de cette force a été réunie, bien qu'il ait été divisé par deux, à 240 millions d'euros. L'UE en a promis 50.

Les chefs d'Etat devraient appeler à une plus grande coopération militaire et au niveau des renseignements tout en demandant à chacun (le nord comme le sud) de faire plus d'efforts.

- Maroc/République arabe sahraouie démocratique

Le roi du Maroc Mohammed VI est arrivé le premier dimanche après-midi en Côte d'Ivoire en vue du sommet. Sa présence avait un temps fait débat en raison de celle du Front Polisario, qui a proclamé une République arabe sahraouie démocratique au Sahara occidental, un territoire que Rabat considère comme sien.

La liste exacte des chefs d'Etat et de gouvernement participants n'était toujours pas connue lundi matin.
Avec AFP