L'insertion professionnelle des jeunes diplômés, un problème majeur

Dans la Dakar Arena, des centaines d’étudiants de l’UCAO reçoivent leurs parchemins, le 18 décembre 2019. (VOA/Seydina Aba Gueye)

L'insertion des jeunes diplômés dans le monde professionnel constitue un problème majeur au Sénégal. Selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie, le taux de chômage dépassait 14% en 2018.

L'État et les entreprises ne recrutent pas autant qu'ils devraient. Trouver un stage rémunéré est même devenu un parcours du combattant pour des jeunes pourtant détenteurs des diplômes requis.

Your browser doesn’t support HTML5

L'insertion des jeunes diplômés dans le monde professionnel présente un problème majeur


Licence, Master, Doctorat, les étudiants sénégalais passent tous les échelons du système LMD sans pour autant avoir la garantie de trouver un emploi à leur sortie des universités et instituts de formation professionnelle.

Certains sont d'ailleurs obliger de se tourner vers des métiers qui n'ont rien à voir avec leur formation initiale. Alimatou Sadiya Ndiaye est titulaire d'une licence, mais elle a eu toutes les peines du monde pour trouver un stage.

"Je fais un travail qui ne demande même pas un diplôme de fin d’études moyennes", se plaint-elle.

Avec une prime de transport de 25.000 francs CFA par mois, Alimatou peine à combler le prix mensuel de son transport et ceci "malgré une formation qui a coûté très cher" à ses parents.

La jeune stagiaire pense que l’État sénégalais a "quasiment raté sa politique de l'emploi" parce qu'au terme de leur formation, rares sont les membres de sa promotion qui ont réussi à "avoir un stage". Quant à un contrat de travail, "n'en parlons même pas", conclut-elle.

Lire aussi : Grève de pêcheurs contre l'interdiction d'employer des étrangers

Un avis que ne partage pas totalement Yacine. Titulaire d'un master 2 en marketing, elle estime que l'État fait de son mieux et que les jeunes devraient trouver des alternatives pour assurer leur avenir professionnel. Pour elle, l'Etat a même offert des opportunités à travers les concours de la fonction publique et autres.

"J'ai pris un peu de recul pour voir si j'arriverai à intégrer la fonction publique, sinon je vais faire recours à ma formation professionnelle", assure-t-elle, avant d'ajouter qu'elle a des projets d'entrepreneuriat: "être travailleuse indépendante et avoir mes propres projets, comme je suis déjà dans le marketing".

Yacine ne pense pas que l’État peut donner le plein emploi en l'espace de 5 ou 10 ans car, pense-t-elle, "il y a trop de jeunes diplômés au Sénégal ; il ne faut pas tout attendre de l’État".

L'État ne peut certes pas tout faire mais il doit s'associer au patronat pour trouver des solutions afin d'asseoir une bonne politique concernant l'emploi des jeunes.

C'est l'avis du Professeur Eumeudou Fall, pour qui ce phénomène s'explique par une maladresse dans le système de management des employeurs qui ne laissent pas les retraités partir pour embaucher les jeunes à leur place.

Lire aussi : Au Sénégal, les aviculteurs craignent d'être les dindons de la farce

Le professeur de français estime que c'est souvent pour profiter de l'expérience que ces gens ont accumulé mais selon lui "toute expérience a un début donc ils peuvent donner la chance aux jeunes".

L'enseignant affirme que les jeunes diplômés sénégalais sont très prisés quand ils sortent dans la sous-région car "ils sont tout de suite embauchés". Pour lui, le problème se situe au niveau national à cause de la politique de l'Etat et des entreprises par rapport à ce fléau.

L'Etat doit changer sa politique d'abord mais aussi "encadrer les jeunes" et leur "donner la chance de pouvoir être dans le cadre professionnel", soutient le professeur Fall.

Pour assurer l'employabilité des jeunes, il faudrait que les formations académiques soient adaptées aux offres d'emplois, mais il faudrait surtout que l'Etat et le patronat revoient ensemble et en profondeur leur politique d'embauche afin de garantir aux jeunes diplômés des emplois en phase avec leurs compétences.