"Nous allons continuer avec toutes nos forces notre programme balistique", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, à la télévision d'Etat. "Notre politique dans le domaine militaire et balistique (...) concerne nos affaires intérieures. Les autres pays n'ont pas le droit de s'y ingérer."
"Nous condamnons l'action hostile et inacceptable" des Etats-Unis, a-t-il ajouté en référence aux nouvelles sanctions votées par le Congrès que le président Donald Trump doit encore signer.
Deux jours après la Chambre des représentants, le Sénat a adopté jeudi à la quasi-unanimité (98 voix contre deux) un projet de loi pour imposer des sanctions contre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord.
Dans le cas iranien, ces sanctions concernent son programme balistique, les droits de l'Homme et le soutien de Téhéran à des groupes comme le Hezbollah libanais qualifiés de "terroristes" par les Etats-Unis.
Pour M. Ghassemi, cette "loi concerne les sanctions non-nucléaires (...) mais vise à affaiblir l'accord nucléaire" conclu le 14 juillet 2015 à Vienne entre l'Iran et les grandes puissances, dont les Etats-Unis.
- Appels occidentaux -
La réaction iranienne intervient alors que les Etats-Unis et leurs alliés européens ont nettement haussé le ton vendredi contre l'Iran, en sommant Téhéran de cesser ses tirs de missiles balistiques, au lendemain d'un essai de lanceur de satellites par la République islamique.
Dans un contexte de fortes tensions américano-iraniennes depuis l'arrivée au pouvoir de M. Trump, le Trésor américain a également imposé de nouvelles sanctions contre ce programme.
Dans un communiqué diffusé par le département d'Etat, Washington, Paris, Londres et Berlin ont "condamné" le test iranien, jeudi, d'un lanceur de satellites et appelé Téhéran à "ne plus procéder à d'autres lancements de missiles balistiques".
Aux yeux des Américains et des Européens, ce programme balistique "reste incompatible avec la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU (votée en 2015 après l'accord nucléaire) et a un impact déstabilisateur dans la région".
Mais cette résolution "appelle (aussi) l'Iran à ne pas entreprendre d'activités liées à des missiles balistiques et capables de porter des armes nucléaires".
L'Iran rejette ces accusations en affirmant que ses missiles ne sont "conçus" pour porter des charges nucléaires et que le pays n'a pas l'intention de produire des bombes atomiques, comme l'a encore affirmé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif vendredi en réponse à Washington.
Malgré sa promesse électorale de "déchirer" l'accord nucléaire, Donald Trump respecte jusqu'à présent ce texte historique, succès diplomatique de son prédécesseur Barack Obama et percée en matière de multilatéralisme et de non-prolifération.
Il est cependant loin d'être certain que l'administration américaine continuera tous les trois mois de "certifier" que l'Iran respecte bien l'accord et poursuivra la levée de sanctions économiques liées au programme nucléaire.
Pour les Européens, les deux dossiers - nucléaire et balistique - doivent être traités de manière distincte.
- Incidents dans le Golfe -
Dans ce contexte tendu, un nouvel incident a opposé vendredi après-midi des navires américains et des bateaux iraniens dans le Golfe, après un précédent mardi, selon un communiqué des Gardiens de la révolution publié sur leur site officiel.
Selon le communiqué, l'incident s'est produit entre le porte-avions Nimitz et les navires l'accompagnant d'un côté, et des frégates iraniennes équipées de missiles de l'autre.
Le texte dénonce l'attitude "provocatrice et non professionnelle des Américains", qui "ont lancé des avertissements, notamment des fusées éclairantes en direction des frégates iraniennes".
Mardi, un patrouilleur de la marine américaine a tiré des coups de semonce contre un vaisseau iranien des Gardiens de la révolution islamique, qui s'était approché à moins de 140 mètres, avait indiqué un responsable américain de la Défense.
Les incidents se sont multipliés ces derniers mois entre bateaux américains et vaisseaux iraniens dans le Golfe.
Avec AFP