L'Iran et l'UE font bloc face à Trump pour défendre l'accord nucléaire

Federica Mogherini et Mohammad Javad Zarif, Téhéran, Iran, le 16 avril 2016.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif doit recevoir jeudi à Bruxelles le soutien des Européens à l'accord sur le nucléaire iranien, avant une décision imminente de Donald Trump sur l'éventuel rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran.

Même si la diplomate en chef de l'Union européenne, Federica Mogherini, tient à isoler ce dossier des nombreux autres sujets de contentieux avec Téhéran, M. Zarif devra répondre aux préoccupations de ses homologues français, allemand et britannique après les récentes violences contre des manifestants en Iran.

Mais l'urgence aux yeux des Européens est de faire une nouvelle fois bloc pour défendre l'accord international sur le programme nucléaire iranien signé en 2015 après plus d'une décennie d'âpres négociations.

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Les Etats-Unis "se préparent à dénoncer l'accord sur le nucléaire iranien et donc à détruire un succès dans les efforts visant à empêcher que le nucléaire militaire continue à se propager dans le monde", a déclaré dimanche soir le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel.

M. Trump, détracteur farouche de cet accord, doit dire dans les prochains jours s'il réimpose une série de sanctions économiques qui avaient été suspendues après le démantèlement d'installations d'enrichissement d'uranium notamment, conformément à ce compromis jugé historique par les autres grandes puissances qui l'ont négocié (Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).

'Actions hostiles'

Selon deux sources, le président américain n'avait pas encore tranché mercredi soir, alors que la décision sera probablement annoncée vendredi.

Téhéran a d'ores et déjà promis des représailles, se disant "préparé à tous les scénarios". A Moscou, où il est venu chercher le soutien de la Russie mercredi, M. Zarif a dénoncé "la politique destructrice des Etats-Unis".

"Les Etats-Unis doivent se rendre compte de l'unanimité de la communauté internationale par rapport à l'accord nucléaire et corriger leur politique en conséquence", a-t-il dit, appelant les grandes puissances à "résister aux actions hostiles" de l'administration Trump.

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Mme Mogherini, qui a présidé les négociations au nom de l'UE, a promis de tout faire pour préserver cet accord jugé essentiel pour endiguer la prolifération nucléaire, y compris en rencontrant à Washington des membres du Congrès hostiles au texte.

Mais la réunion sera sans doute également l'occasion d'aborder avec M. Zarif les dossiers qui fâchent, à commencer par le développement de missiles balistiques par l'Iran et son soutien au régime du président Bachar al-Assad en Syrie, au Hezbollah libanais et à la rébellion houthie au Yémen.

'Extrêmement dur'

Les 28 pays de l'UE avaient déploré "la perte inacceptable de vies humaines" alors que les récentes manifestations en Iran ont fait 21 morts. Ils avaient appelé, par la voix de Mme Mogherini, "toutes les parties concernées" à s'abstenir "de toute violence".

"Il y a évidemment des domaines de désaccord avec l'Iran, à commencer par son activité régionale déstabilisante et son programme de missiles balistiques. Cela constituera une partie importante de notre conversation", a expliqué le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson dans un communiqué.

Mais "l'accord nucléaire iranien rend le monde plus sûr. Il est vital que nous continuions à travailler avec nos partenaires européens pour préserver l'accord iranien, ainsi que la sécurité et la prospérité que cela apporte aux gens d'Iran et du monde", a-t-il déclaré.

"Nous continuerons d'exhorter nos amis à la Maison Blanche à ne pas le jeter à la poubelle", avait déjà lancé M. Johnson mardi devant le parlement de Westminster. "Cet accord, qui empêche les Iraniens de fabriquer des armes nucléaires en échange d'un partenariat économique plus important avec le reste du monde, reste utile et valide", avait-il martelé.

La rencontre de jeudi matin devrait être suivie d'une conférence de presse de Mme Mogherini et de MM. Gabriel, Johnson et du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Avec AFP