"Je pensais que jamais que j'aurais vu ça dans ma vie", lache dépité, Andrea, 31 ans, venu lundi soir avec quelques copains assister dans un bar de Rome au match retour contre la Suède, dont le résultat (0-0) sort définitivement son pays du Mondial 2018.
"Du jamais vu, je n'y crois pas, c'est fini", lance tout aussi abattu, Davide, 27 ans.
A la sortie du stade de San Siro à Milan, la déception est toute aussi grande.
"Je suis écoeuré par tout le système du football en Italie. C'est l'énième échec de notre pays, même ici (au stade) on y arrive pas", explique ainsi Mirko Palmieri, venu soutenir son équipe.
"Je suis né avec l'Italie qui a toujours joué une coupe du monde, et ça a toujours été comme ça. Demain, je vais me réveiller et ma vie va continuer, mais cet été je ferai autre chose", ajoute un peu plus loin un autre supporter.
Et pourtant, à San Siro comme à Rome, on voulait y croire.
"Jusqu'à la dernière minute, on y a cru, mais rien à faire, ça n'est pas passé", assure ainsi Daniele, passionné de foot, comme la plupart de ses compatriotes, venu regarder, et commenter au micro, le match dans un bar de San Lorenzo, le quartier étudiant de la capitale italienne.
Et si l'heure est à la tristesse de voir la "squadra azzurra éliminée, un scénario inédit depuis 1958, les réglements de compte vont bon train.
L'entraîneur, Gian Piero Ventura, en prend pour son grade, accusé d'avoir étouffé le beau jeu pour défendre un système peu convaincant, particulièrement depuis le 3-0 encaissé par l'Italie face à l'Espagne.
"No comment", préfère ainsi déclarer Davide, plutôt que d'injurier le sélectionneur italien.
Au-delà des choix controversés de Ventura, c'est toute l'Italie du football qui va devoir désormais se remettre en cause.
"C'était une équipe trop jeune, qui avait surtout besoin de grandir", juge ainsi Davide, à l'unisson d'autres tifosi (supporters).
Le match avait pourtant débuté dans une atmosphère bon enfant dans ce bar romain où les jeunes de la capitale aiment à se retrouver.
Quand le joueur suèdois Johansson sort en début de première mi-temps sur une civière, Daniele s'exclame au micro: "il ne jouera pas le Mondial !".
- Tension à son comble -
On peut encore se permettre de plaisanter; après tout l'Italie est sur le papier plus forte que la Suède, même si elle a encaissé un but à l'aller et jamais marqué.
La tension va ensuite rapidement monter après une succession d'occasions ratées en fin de première mi-temps. Elle sera à son comble dès les premières minutes de la seconde mi-temps.
"on était en Russie", s'exclame un des spectateurs, à la 53e minute après un tir manqué par Darmian. "Mamma mia", lâche un autre à la 76e minute avec un nouveau tir raté, rapidement suivi de deux autres occasions manquées aux 85e et 86e minutes.
Les cinq minutes de temps additionnel sont accueillies avec le plus grand soulagement, et la petite foule des supporters de la "Nazionale" s'électrise quand le capitaine italien Gianluigi Buffon abandonne sa cage pour rejoindre ses équipiers devant le but suédois.
"Vai Gigi !" (vas-y Gigi) hurlent alors les tifosi.
Mais rien n'y fait, et le coup de sifflet final tombe comme un couperet. A Rome comme ailleurs, c'est d'abord le silence et l'incrédulité qui l'emportent, tant il semblait évident que l'Italie devait se qualifier.
"C'est terrible", murmure Francesca, qui se demande si son père se remettra jamais d'une coupe du monde sans l'Italie.
"On est hors du Mondial!": la presse italienne peinait elle aussi à croire que l'Italie a pu céder à la Suède son traditionnel billet pour la Coupe du monde. "C'est ça l'apocalypse, on est hors du Mondial", titrait la Gazzetta dello sport sur son site internet, en évoquant "des occasions ratées, un pénalty refusé et un peu de malchance".
"L'Italie hors du Mondial !", a résumé de son côté le Corriere dello sport, avec des photos des joueurs en larmes. "Dans quelques mois, nous verrons le Mondial des autres: après 60 ans nous sommes une nouvelle fois dehors. Une honte footballistique intolérable, une tache indélébile", a écrit l'autre grand journal sportif italien.
Avec AFP