L'ONU constate des "crimes de guerre" en Éthiopie et accuse "toutes les parties"

Les forces spéciales Amhara montent la garde sur un pont près de la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée, près de la ville de Humera, en Éthiopie, le 1er juillet 2021.

Les troupes fédérales éthiopiennes et les forces de la province insurrectionnelle du Tigré ont perpétré des actes qui pourraient constituer des crimes de guerre, selon un rapport des Nations unies publié mercredi.

Le rapport accuse toutes les parties d’actes de torture et d’assassinats de populations civiles, des viols collectifs et d’arrestations sur la base de l'appartenance ethnique.

Un rapport qui est rendu public le lendemain d’une déclaration de l'état d'urgence sur tout le territoire national.

Les forces tigréennes ont déclaré lundi qu'elles pourraient marcher sur la capitale pour renverser le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis 2018 puis investi pour un nouveau mandat de 5 ans en juin.

"Toutes les parties" indexées

L'enquête dont les conclusions ont été livrées mercredi a été menée par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et par la Commission éthiopienne des droits de l'homme, organe étatique.

Elle couvre la période allant de novembre 2020 à juin dernier, pendant le conflit qui a opposé pendant un an les forces tigréennes à l'armée éthiopienne et à ses alliés - les forces de la région d'Amhara et les soldats de l'Érythrée voisine.

"Toutes les parties au conflit du Tigré ont commis des violations du droit international, des droits de l'homme, du droit humanitaire et du droit des réfugiés. Certaines d'entre elles peuvent s'apparenter à des crimes de guerre et à des crimes contre l'humanité", a déclaré Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.

Elle n'a pas déterminé la proportion des infractions commises par chaque partie, précisant que les enquêteurs ne pouvaient pas dresser une liste exhaustive.

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Il n'a pas été précisé si les conclusions du rapport pouvaient servir de base à une action en justice. L'Éthiopie et l'Érythrée ne sont pas membres de la Cour pénale internationale, qui n'est donc pas compétente.

Le rapport s'appuie sur 269 entretiens, dont beaucoup contiennent des détails graphiques sur des viols et des mutilations commis par des soldats érythréens sur des bases militaires.

"Sérieuses réserves" à Addis-Abeba

Le Premier ministre Abiy a déclaré qu'il acceptait le rapport malgré de "sérieuses réserves. Il a précisé qu'un groupe de travail civil-militaire serait mis en place pour enquêter sur toutes les allégations du rapport.

Le ministre érythréen des Affaires étrangères, Osman Saleh, s'est refusé à tout commentaire. Le porte-parole du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), Getachew Reda, et le porte-parole de la région Amhara, Gizachew Muluneh, étaient injoignables. L'Érythrée a refusé de dialoguer avec les enquêteurs, selon le rapport, mais a précédemment nié que ses forces aient commis des viols, malgré une documentation abondante, notamment par l’agence de presse Reuters.

L'Éthiopie a déclaré que certains soldats étaient jugés pour viols et meurtres. Amhara a nié les abus.

Le rapport indique que des soldats érythréens ont tué une centaine de civils dans la ville d'Axum, que des soldats éthiopiens ont traîné environ 70 hommes hors de chez eux et les ont massacrés dans trois villages du sud du Tigré, et que les forces tigréennes ont tué environ 200 civils amhara dans la ville de Mai Kadra, un crime suivi de meurtres de Tigréens par des Amhara.

Le rapport accuse également les soldats érythréens de forcer les réfugiés érythréens vivant dans le Tigré à rentrer chez eux, en violation du droit international.

Le rapport a accusé toutes les parties de bloquer l'aide à différents moments du conflit.

Le TPLF, qui contrôle la majeure partie du Tigré, a déclaré que le rapport était incomplet car les enquêteurs n'avaient pas visité de nombreuses zones.

La guerre a commencé il y a un an.