L'ONU dénonce "de nombreux abus et violations" des droits de l'homme en Libye

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, à Genève, Suisse, 11 septembre 2017.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé jeudi les "nombreux abus et violations" perpétrés dans des centres de détention en Libye, tout en se disant "optimiste" sur la volonté des autorités d'améliorer la situation.

"La situation des droits de l'homme en Libye continue à être marquée par de nombreux abus et violations perpétrés par toutes les parties au conflit en toute impunité", a dénoncé Zeid Ra'ad Al Hussein, devenu cette semaine le premier responsable des droits de l'homme de l'ONU à se rendre en visite officielle dans ce pays.

Outre les membres du gouvernement libyen, le haut-commissaire a indiqué avoir rencontré des groupes de la société civile et des associations de défense des droits des femmes. Il a aussi visité les principales prisons du pays et des camps de déplacés durant sa visite d'une journée mardi.

"Des milliers de personnes sont détenues arbitrairement à travers le pays, dont certaines depuis la guerre de 2011. Nombre d'entre elles ont été soumises à la torture et à de mauvais traitements", a-t-il affirmé.

"Des groupes armés tuent et retiennent en otages illégalement des civils et des combattants. Des civils - hommes, femmes et enfants - sont tués chaque semaine par l'usage inconsidéré d'armes", a-t-il ajouté.

Il a mis l'accent sur les informations "terribles" provenant de certains centres de détention, dont la prison de Mitigia. "La situation là-bas doit être traitée en urgence, tout comme dans d'autres centres où les abus sont endémiques".

Il a appelé le gouvernement, "confronté à de nombreux défis", "à mettre fin à la pratique des détentions arbitraires et à s'assurer que les auteurs d'abus contre les migrants dans les centres de détention rendent des comptes".

Il a cependant salué les engagements à lutter contre les abus pris par les autorités libyennes, au premier rang desquelles le Premier ministre Fayez Serraj et les ministres de l'Intérieur et de la Justice.

La Libye est déchirée entre pouvoirs politiques rivaux depuis la chute de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011. Un accord interlibyen a été signé fin 2015 au Maroc, sous l'égide de l'ONU, et un gouvernement d'union (GNA), avec Fayez al-Sarraj comme Premier ministre, a été formé.

Ce dernier peine cependant à imposer son autorité sur de larges pans du pays, où il est notamment confronté à une autorité rivale au pouvoir dans l'est soutenue par le controversé maréchal Khalifa Haftar.

Le pays est aussi devenu la principale porte de sortie des migrants africains essayant de gagner l'Europe en traversant la Méditerranée, mais nombreux sont ceux qui sont détenus dans le pays dans de terribles conditions.

Avec AFP