L'ONU veut une mission opérationnelle dans le Sahara occidental

Le mandat de la Minurso en Sahara occidental serait prolongé de douze mois sans modification.

Les Nations unies et Rabat ont quatre mois pour travailler sur une nouvelle résolution, en conflit depuis des mois.

Les Etats-Unis ont proposé mercredi à leurs partenaires du Conseil de sécurité une résolution qui "souligne la nécessité urgente" pour la mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) de fonctionner pleinement et donne quatre mois aux Nations unies et à Rabat pour y parvenir.

En attendant, le mandat de la Minurso serait prolongé de douze mois sans modification.

Vendredi, jour de vote

Le Conseil votera vendredi sur ce projet de résolution, un jour plus tard que prévu pour permettre aux pays membres d'en débattre plus longuement, selon des diplomates.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a estimé devant des journalistes que les discussions sur ce texte "ne seraient pas faciles".

Après une première discussion du projet à huis clos au Conseil, il a estimé qu'il y avait "une marge d'amélioration" et que certains pays membres cherchaient à durcir le texte.

La Mission est l'objet d'une vive querelle entre Rabat et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Irrité par des propos de M. Ban sur "l'occupation" de cette ancienne colonie espagnole par le Maroc -- qui l'a annexée en 1975 -- Rabat a expulsé 75 des membres civils expatriés de la mission en mars.

Selon l'ONU, il ne reste sur place que 28 experts civils, ce qui empêche la Minurso de remplir son mandat. Elle a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un referendum d'autodétermination. Ce mandat expire fin avril.

Une "nécessité urgente"

Dans le projet de résolution, dont l'AFP a eu copie, le Conseil "souligne la nécessité urgente pour la Minurso de retrouver sa capacité à fonctionner pleinement".

Il demande à M. Ban, dans un délai de quatre mois, de lui dire si la mission est désormais apte à fonctionner à plein. Le Conseil se déclare prêt, si ce n'est pas le cas, "à envisager les meilleurs moyens de faciliter la réalisation de cet objectif".

Le texte ne prévoit cependant aucune sanction ni mesure coercitive pour forcer le Maroc à revenir sur sa décision.

Une précédente version du texte fixait un délai de deux mois seulement.

Le Conseil demande aux deux camps -- le Maroc qui considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire, et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l'Algérie -- de "poursuivre des négociations (...) sans conditions préalables".

Rabat propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire de moins d'un million d'habitants, riche en phosphates et aux côtes poissonneuses, alors que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination.

Selon des diplomates, la résolution est un compromis soigneusement pesé. Le Maroc, soutenu notamment par la France, souhaitait un renouvellement pour 12 mois sans condition, alors que plusieurs membres du Conseil (Etats-Unis, Royaume-Uni, Venezuela, Angola, Uruguay, Nouvelle-Zélande) voulaient s'assurer que la mission soit à même de remplir son mandat.

Ces pays craignaient d'encourager d'autres Etats hôtes de missions à se débarrasser de leurs Casques bleus.

Le Polisario a averti des risques d'une reprise du conflit si le Conseil ne forçait pas le Maroc, y compris par des sanctions, à revenir sur sa décision d'expulsion.

"C'est un défi sans précédent lancé au Conseil", a estimé Emhamed Khadad, un haut responsable du Front Polisario.

Cette crise "a été fabriquée par le Maroc pour masquer sa volonté de ne pas s'engager dans des négociations sérieuses" pour régler le conflit, a-t-il affirmé à la presse.

Avec AFP