M. Diallo, ancien Premier ministre de 2004 à 2006, candidat malheureux aux présidentielles de 2010, 2015 et 2020 et chef du premier parti guinéen, était convoqué dans la matinée devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief).
Sa convocation, datée du 24 mai et circulant sur les réseaux sociaux, précisait que son inculpation pouvait être "envisagée" pour les faits présumés de "détournement de deniers publics, corruption d'agents publics, enrichissement illicite".
M. Diallo et deux autres anciens responsables sont visés depuis février par une enquête sur des infractions qui auraient été commises lors de la vente de deux avions et autres biens de la défunte compagnie nationale Air Guinée, alors en faillite. C'était en 2002 et M. Diallo était ministre des Transports sous le régime du général Lansana Conté (1984-2008).
M. Diallo est une des personnalités politiques inquiétées par la justice depuis que des militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya, aujourd'hui investi chef de l'Etat, ont pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021.
M. Diallo, actuellement au Sénégal en attendant de s'envoler pour les Etats-Unis, a répondu par la négative à un correspondant de l'AFP qui lui demandait par téléphone s'il déférerait à la convocation. Il a contesté avoir participé à la liquidation de la compagnie aérienne.
Par ailleurs, a-t-il ajouté, "je n'ai pas reçu de convocation".
Son avocat, Me Amadou Diallo, a expliqué que "juridiquement la convocation (était) nulle" parce qu'elle n'explicitait pas les faits visés et parce qu'elle n'avait pas été valablement remise.
Il a fortement laissé entendre que son client n'aurait pas honoré le rendez-vous même s'il avait jugé la convocation valide. "On a des raisons de penser que la justice est instrumentalisée", a-t-il déclaré.
Dans sa convocation, la justice menaçait M. Diallo d'émettre contre lui un mandat en cas d'absence injustifiée.
"Ils peuvent même délivrer un mandat d'arrêt international s'ils le veulent, aucun Etat sérieux n'exécutera un mandat d'arrêt émis par un Etat voyou", a jugé Me Amadou Diallo.
La junte a fait raser en mars la maison de Cellou Dalein Diallo en affirmant qu'elle appartenait à l'Etat alors que M. Diallo assure que l'Etat la lui a vendue en 2005.