"Hama Amadou a été incarcéré tôt ce lundi à la prison de Filingué (ouest de Niamey). Il s'est présenté lui-même au tribunal avant d'être conduit en prison", a affirmé à l'AFP un membre de sa famille sous couvert d'anonymat.
L'opposant, 69 ans, savait ce qui l'attendait. "Samedi il s'était entretenu avec ses avocats pour discuter de cette procédure", a précisé cette source.
M. Amadou, en exil depuis mars 2016, était rentré jeudi au Niger pour faire le deuil de sa mère décédée fin octobre. Il est allé se recueillir sur sa tombe avant d'accueillir samedi et dimanche des milliers de visiteurs à son domicile.
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Ses partisans, mais aussi des membres du gouvernement nigérien et des figures de la société civile, sont ainsi venus lui présenter leurs condoléances.
Selon son entourage, Hama Amadou a même parlé au téléphone avec le président Mahamadou Issoufou, dont une des épouses, Malika Issoufou, s'est déplacée à son domicile.
L'opposant avait été condamné à un an de prison pour son implication dans un trafic de bébés avec le Nigeria et impliquant également une de ses épouses. Il avait été incarcéré en novembre 2015 à son retour d'un premier exil.
En mars 2016, entre les deux tours de la présidentielle à laquelle il était arrivé deuxième sans pouvoir faire campagne en raison de son incarcération, Hama Amadou, avait été autorisé à se rendre en France pour des raisons de santé. Il n'était plus rentré au Niger jusqu'à son retour jeudi.
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- Inéligible sauf amnistie -
Il avait été désigné en août candidat à la présidentielle de décembre 2020 par son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), principal mouvement d'opposition. Toutefois, sa condamnation l'empêche légalement pour le moment d'être candidat.
"La loi est la loi. Pour tout le monde. Elle ne fait pas d'exceptions ou de faveurs. Il ne peut pas se présenter. Point final", affirmait récemment à l'AFP un haut responsable nigérien,
"La loi prévoit que toute personne condamnée à une peine égale ou supérieure à un an n'est pas éligible. Donc, même s'il purge sa peine (avant la présidentielle de décembre 2020), il n'est pas éligible", explique le constitutionnaliste nigérien Amadou Boubacar.
"Même une grâce présidentielle n'est pas suffisante. Il faudrait une loi d'amnistie sur le trafic de bébés qui efface la condamnation", souligne-t-il.
"L’avenir politique de M. Hama Amadou dépend de ce +dialogue politique+ qui va certainement déboucher sur des recommandations qui vont proposer l'amnistie pour Hama Amadou", analyse-t-il.
Le Premier ministre Brigi Rafini a promis fin octobre l'organisation d'un "dialogue" en vue "d'apaiser le climat" politique tendu à un an de la présidentielle de 2020.
Selon M. Rafini, une "assemblée" de 38 membres - 30 issus des partis politiques, cinq des syndicats et trois de la société civile - sera "très prochainement" installée pour "conduire" ce dialogue durant "un mois".
Des représentants de l'ONU, de l'Union européenne et du National Democratic Institute (une ONG américaine) ainsi que des responsables religieux locaux et des chefs traditionnels doivent également assister au dialogue.
L'organisation des futures élections, la question de la commission électorale ou l'accès équitable aux médias d'Etat, ainsi que la situation de Hama Amadou seront au centre des débats.
Ce dialogue pourrait ouvrir la porte à l'opposant qui a joué l'apaisement lors de son retour au pays.