Tchad: Yorongar Ngarlejy, opposant historique, fait de la résistance

Des réfugiés tchadiens dans la ville frontalière de Kousseri, au Cameroun, le 7 février 2008. (AP Photo/Sunday Alamba)

«J’en sortirai plus que grandi», a dit à VOA Afrique le député Yorongar Ngarlejy, après avoir vu sa candidature à la présidentielle rejetée par le Conseil constitutionnel.

Quatorze candidats s'affronteront pour l'élection présidentielle au Tchad le 10 avril, dont Idriss Deby, au pouvoir depuis 26 ans, qui est candidat pour un cinquième mandat.

23 personnes avaient déposé des candidatures à la magistrature suprême.

Le Conseil constitutionnel a rejeté le recours gracieux introduit par le député Yorongar Ngarlejy après un premier rejet de sa candidature le 2 mars, au motif de défaut de photo et d'emblème.

«J’en sortirai plus que grandi, parce que cet acharnement contre ma personne et contre les militantes et militants de mon parti ne peuvent que nous grandir», a déclaré à VOA Afrique Yorongar Ngarlejy, poids lourd de l’opposition tchadienne qui a toujours refusé d'entrer dans le gouvernement d’Idriss Deby.

Député depuis 1997, M. Ngarlejy était arrivé en deuxième position au premier tour de la présidentielle de 2001, largement remportée par Idriss Deby.

Le chef du parti Fédération Action pour la République estime qu’il a été écarté de la course en raison de ses potentialités en matière électorale, présentant une menace pour l’actuel président tchadien: «Cette année je suis allé très tôt remuer les cocotiers à l’intérieur du pays, et finalement ça l’a inquiété (ndlr: Idriss Deby) ; il a donné des instructions pour qu’on me recale.»

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L'opposant tchadien Yorongar Ngarlejy joint par Nathalie Barge

Du côté des candidats retenus, il y a notamment l’opposant Saleh Kebzaboh, qui se présentera pour la troisième fois à une présidentielle.

Autre candidat, l'ancien Premier ministre Joseph Djimrangar Dadnadji, qui a créé le Cadre d'action populaire pour la solidarité et l'unité de la République (CAP-SUR), après avoir démissionné du Mouvement Patriotique du Salut en 2015.

Nouredine Delwa Kassiré Koumakoye, également ex-Premier ministre, sera en lice, de même que Laoukein Kourayo Médard, le maire de Moundou, qui prendra part à une présidentielle pour la première fois.

-Les Tchadiens innovent pour protester-

D’autre part, la société civile a appelé la population à se servir d'un "sifflet citoyen" pour réclamer l'alternance politique jeudi, rapporte l'AFP citant un communiqué.

Cette action citoyenne consiste à siffler pendant 15 minutes à partir de 5h30 et 15 minutes à partir de 21H30.

Le 24 février dernier, une opération "villes mortes" lancée par la plate-forme "Ça suffit", demandant le départ du président Idriss Deby, a connu un succès sans précédent.

Ce mouvement a suivi celui des lycéens protestant depuis le 15 février contre le viol de la jeune Zouhoura par des fils de dignitaires tchadiens.

Les Tchadiens adoptent ainsi différents moyens pour contester de manière pacifique la candidature d’Idriss Deby, les manifestations de rue étant généralement interdites et réprimées par la violence.