L'opposition demande la déchéance de députés qui ont rejoint le régime à Madagascar

Le Président malgache Hery Rajaonarimampianina à Addis Abeba le 29 janvier 2018.

L'opposition a déposé devant la Haute Cour constitutionnelle une requête en déchéance visant 18 députés à qui elle reproche d'avoir rejoint les rangs du parti du président Hery Rajaonarimampianina.

Cette initiative intervient dans la foulée d'un arrêt rendu vendredi par la même HCC, qui a ordonné la constitution rapide d'un gouvernement d'union nationale composé sur la base des résultats des élections législatives de 2013.

La plus haute instance judiciaire du pays a pris cette décision pour tenter de sortir de la crise politique qui oppose depuis plus d'un mois le chef de l'Etat à ses adversaires.

Mais le gouvernement et l'opposition revendiquent tous les deux la majorité à l'Assemblée nationale, qui leur donnera le droit de nommer le Premier ministre du cabinet qui dirigera le pays jusqu'aux élections générales anticipées prévues d'ici fin septembre.

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"Nous venons de déposer une demande en déchéance contre les députés (de l'opposition) qui ont retourné leur veste et changé de parti car cela ne respecte pas l'article 72 de la Constitution", a justifié mardi devant la presse le député d'opposition Jean Brunelle Razafitsiandraofa, après avoir déposé sa requête en déchéance.

Selon son décompte, 14 des 18 élus visés sont issus du Mapar, le parti de l'ex-président Andry Rajoelina, 2 du TIM de son prédécesseur Marc Ravalomanana et 2 du parti MMM.

"La majorité est déjà acquise pour nous, on veut juste rétablir la justice avec cette demande", a plaidé M. Razafitsiandraofa.

Si ces députés sont effectivement destitués, l'opposition disposera selon elle d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Le parti présidentiel HVM a lui revendiqué samedi la majorité absolue des 151 députés, et donc le droit de nommer le futur chef du gouvernement.

La polémique entre les deux camps a pour origine l'absence de députés élus sous les couleurs du HVM, qui n'était pas constitué en parti lors du dernier scrutin législatif de 2013. Ses élus, alors indépendants, se sont regroupés après et ont été depuis rejoints par d'autres parlementaires.

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En 2013, 49 députés avaient été élus sous les couleurs du Mapar, 21 sous celles du TIM et 52 sous l'étiquette d'indépendants.

La Haute Cour constitutionnelle a donné vendredi dix jours au gouvernement et à l'opposition pour parvenir à un accord amiable de sortie de la crise, faute de quoi son arrêt deviendra exécutoire.

Aucune discussion n'avait officiellement débuté entre eux mardi.

Jusque-là incapable de rabibocher les deux camps, l'envoyé spécial de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, est revenu à Madagascar pour tenter d'amorcer une discussion.

Avec AFP