Le gouvernement kényan a interdit jeudi les manifestations dans les centres d'affaires des trois principales villes du pays, Nairobi, Mombasa et Kisumu, "en raison de la menace claire, présente et imminente de troubles à l'ordre public".
Mais les partisans du leader d'opposition Raila Odinga n'ont pas hésité à défier cet ordre. A Kisumu, un bastion de l'opposition dans l'ouest, sur les rives du lac Victoria, où plusieurs personnes avaient été blessées mercredi lors d'une précédente manifestation, selon un médecin local, les manifestants ont bloqué des rues, enflammant des piles de pneus.
A Mombasa, la deuxième agglomération du Kenya, sur la côte (est), la police a dispersé au gaz lacrymogène une foule qui tentait d'accéder au centre-ville. Des manifestations étaient également attendues dans la journée à Nairobi.
Après plusieurs manifestations implacablement réprimées par les forces de l'ordre ces dernières semaines, notamment à l'aide de gaz lacrymogène et de coups de feu, l'opposition avait annoncé mercredi des rassemblements quotidiens à partir de la semaine prochaine en vue d'accentuer la pression sur la controversée Commission électorale (IEBC).
Jeudi, le ministre de l'intérieur Fred Matiangi avait répliqué avec l'interdiction, affirmant que les précédentes manifestations avaient dégénéré en violences contre les forces de l'ordre et des civils innocents, et le pillage et la destruction de biens.
Mais la coalition d'opposition Nasa avaient appelé ses soutiens à passer outre cette interdiction. "Nous poursuivrons nos manifestations comme prévu dans tout le pays", avait déclaré l'un de ses leaders, Moses Wetangula.
Le climat politique est particulièrement tendu au Kenya depuis la décision le 1er septembre de la Cour suprême d'invalider la réélection du sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août, face à M. Odinga.
Saisie par l'opposition, la Cour avait mis en avant des irrégularités dans la transmission des résultats pour justifier cette décision, une première en Afrique, qui avait été saluée pour son courage à travers le monde.
M. Odinga a annoncé mardi son retrait de la présidentielle du 26 octobre, arguant que l'IEBC n'avait pas entrepris sa refonte nécessaire pour organiser une élection crédible, dont l'éviction de certains de ses responsables.
M. Odinga estime que son retrait implique l'annulation du scrutin et l'organisation d'un tout nouveau processus électoral. M. Kenyatta soutient lui que l'élection doit avoir lieu, avec ou sans son principal rival.
Avec AFP