L'opposition togolaise "n'attend rien" des réformes annoncées par le pouvoir

Manifestants posant avec une pancarte sur laquelle est écrit "retour à la constitution de 92, vote de la diaspora, 50 ans ça suffit!", à Lomé, le 6 septembre 2017. (VOA/Kayi Lawson)

Les leaders de l'opposition togolaise ont déclaré dimanche ne "rien attendre" de la réforme constitutionnelle annoncée par le gouvernement avant les manifestations anti-pouvoir massives prévues cette semaine.

Eric Dupuy, porte-parole de la coalition de cinq partis d'opposition Cap 2015 -une des organisatrices des manifestations prévues mercredi et jeudi réclamant une alternance politique et des réformes - a qualifié cette réforme de "dilatoire". "Nous n'attendons rien de cela", a-t-il répété.

Le président du Togo, Faure Gnassingbé, a pris le pouvoir il y a 12 ans à la mort de son père, Gnassingbé Eyadéma. Le général Eyadéma avait lui même dirigé le petit pays ouest-africain pendant près de 40 ans après un coup d'Etat militaire.

L'opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution - modifiée en 2002 - soit révisée, notamment afin d'y réintroduire une limitation des mandats (10 ans au plus).

Dans un communiqué publié à la suite du Conseil des ministres mardi soir, le gouvernement avait joué l'apaisement en annonçant des réformes constitutionnelles concernant la "limitation des mandats et le mode de scrutin".

Toutefois, la limitation à deux mandats présidentiels ne se fera pas de manière rétroactive, selon le projet de loi.

Le président Gnassingbé a officiellement remporté les élections présidentielles de 2005, 2010 et 2015, mais l'opposition n'a pas accepté ces résultats.

Les Nations unies ont appelé l'opposition togolaise à travailler avec le gouvernement. Elle semble toutefois dubitative face aux promesses du pouvoir. "Nous n'avons pas encore connaissance du texte du projet de loi. A ce stade il nous est difficile d'en parler", a affirmé M. Dupuy.

Mercredi et jeudi, les Togolais ont manifesté massivement à Lomé et dans une moindre mesure en province à l'appel d'une coalition de 14 partis, pour réclamer des réformes et le départ du président Faure Gnassingbé.

Au moins 80 personnes avaient été interpellées à Lomé suite à ces manifestations. Dimanche, Eric Dupuy a expliqué que des groupes de défense des droits de l'Homme lui avaient assuré que tous les détenus avaient été relâchés dans la nuit de samedi à dimanche, ce qui n'a pas encore été confirmé par les autorités.

Le parlement togolais doit se réunir mardi pour une session extraordinaire. Le ministre togolais de la Fonction publique, Gilbert Bawara, a toutefois indiqué vendredi qu'il n'était pas certain que les parlementaires, qui devaient normalement rentrer en octobre, auraient le temps de débattre de la réforme en un jour.

Avec AFP