"Nous ne sommes ni de coeur ni d'esprit à discuter d'autre chose que des réformes constitutionnelles", a déclaré Patrick Lawson, vice-président de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC), principal parti de l'opposition, après que les députés de la coalition d'opposition aient quitté la salle.
"S'ils nous rappellent (le gouvernement) pour l'ouverture d'une nouvelle session extraordinaire pour discuter des réformes (constitutionnelles), nous reviendrons tous", a-t-il ajouté.
L'ordre du jour de la session parlementaire portait sur un projet de loi concernant les droits d'accès des étudiants ouest-africains dans les universités togolaises, une mesure éloignée de la "préoccupation des Togolais aujourd'hui", selon l'ANC.
La semaine dernière, un rassemblement populaire massif a envahi les rues de la capitale de Lomé ainsi que d'autres villes du pays pour demander des réformes constitutionnelles, notamment une limitation des mandats présidentiels, un scrutin à deux tours et le départ du président Faure Gnassingbé.
Le gouvernement avait alors annoncé qu'il soumettrait un projet de loi au Parlement, mais l'Assemblée n'a pas souhaité le proposer à l'ordre du jour de la session extraordinaire de cette semaine, assurant qu'il devait passer par une Commission spécialisée avant sa consultation par les députés.
Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, la coalition des partis d'opposition a accusé le régime en place de "s'enfermer dans un entêtement et dans la diversion comme il en a l'habitude".
Cette coalition de 14 partis d'opposition espère retrouver l'engouement populaire de la semaine dernière, lors de deux nouvelles marches, les 20 et 21 septembre.
En plus des projets de réforme, l'opposition demande désormais la démission du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père le général Gnassingbé Eyadéma, qui a régné sans partage durant 38 ans.
- 'force majeure' -
La semaine dernière, le pouvoir avait tenté de jouer la carte de l'apaisement en proposant un projet de loi actant la limitation des mandats présidentiels et un scrutin à deux tours. Toutefois, ce projet de réforme n'est pas rétroactif, ce qui permettrait à Faure Gnassingbé de se représenter pour deux prochains scrutins.
Jean-Pierre Fabre, chef de file de l'opposition, a ainsi regretté sur RFI (Radio France Internationale) que "la phrase en aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats+ (...) +ait+ été supprimée" du projet de loi et il a renouvelé l'appel au départ du président togolais, héritier d'un "régime cinquantenaire".
Mercredi, le gouvernement a de son côté, appelé les Togolais "au calme et à la retenue" lors d'un point presse, déplorant une "escalade de la violence physique et verbale sur fond d'appel quasiment à l'insurrection".
Le projet de réforme constitutionnelle réclamée par l'opposition sur la limitation des mandats présidentiels depuis plus de dix ans, sera examiné dès vendredi, avait assuré mercredi le président de l'Assemblée nationale togolaise Dama Dramani, évoquant un cas de "force majeure".
La Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - dont Faure Gnassingbé est le président en exercice - a de son côté invité pouvoir et opposition togolais au dialogue.
Le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, s'est rendu à Lomé où il a été reçu en audience par le président togolais, avant de s'entretenir notamment avec les leaders de l'opposition et des dignitaires religieux.
Le diplomate a appelé "l'opposition et le parti au pouvoir à continuer le dialogue et à réaliser ces réformes, qui sont une aspiration profonde du peuple".
"Le chef de l'Etat nous a écoutés et nous pensons qu'il a exprimé la volonté ferme de parvenir à ces réformes", a ajouté M. de Souza.
Avec AFP