M. Scholz, qui entamait sa première visite en Afrique en tant que chancelier six mois seulement après sa prise de fonctions, a répondu au chef de l'Etat sénégalais que la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et la menace de la famine ne laissaient pas les Ocidentaux indifférents, promettant de tout faire pour aider.
Le chancelier allemand, dont la visite au Sénégal, au Niger puis en Afrique du Sud jusqu'à mardi s'annonçait placée sous le signe de la guerre en Ukraine, est arrivé dans un continent "très divisé" sur la question, selon les mots même de M. Sall. Le conflit "nous affecte", mais se déroule "sur un autre continent", a dit M. Sall. "Pour l'Afrique nous voulons la paix", a-t-il ajouté.
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"Nous voulons la paix même si nous condamnons l'invasion", a-t-il dit plus explicitement que par le passé, "nous travaillons nous pour qu'il y ait une désescalade". Il a préconisé un cessez-le-feu, un dialogue et "une paix juste pour l'Ukraine, pour la Rusie aussi".
Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris le 2 mars en s'abstenant lors d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU en faveur d'une résolution qui exigeait "que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine".
Le Sénégal avait en revanche voté le 24 mars une seconde résolution exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre. Près de la moitié des pays africains s'étaient abstenus ou n'avaient pas voté lors des deux votes.
"Solidaires"
La guerre affecte durement les économies africaines. La communauté internationale s'inquiète des risques de famine. Le Sénégal, comme d'autres pays africains, est fortement dépendant des importations de blé d'Ukraine et de Russie.
"En tant que président en exercice de l'Union africaine, j'ai exprimé au chancelier nos sérieuses préoccupations quant à l'impact de la guerre sur nos pays, pays africains, la flambée généralisée des prix et les pénuries", a affirmé M. Sall. "Je plaide pour... que nos partenaires multilatéraux et bilatéraux nous accompagnent", a-t-il avancé.
M. Sall a déclaré qu'il avait reçu mandat de l'Union africaine pour se rendre en Russie et en Ukraine. Le déplacement, initialement prévu le 18 mai, n'a pu avoir lieu "pour des raisons de calendrier", et il a proposé de nouvelles dates qui doivent encore être fixées, a-t-il rapporté.
L'Union africaine a aussi accepté une réunion des chefs d'Etat du continent qui le souhaitent avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à sa demande, a-t-il dit sans précision de format. "Cela aussi sera fait dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.
M. Scholz, tout en fustigeant la "guerre d'agression" menée par la Russie, a affirmé la nécessité de se montrer "solidaire" de l'Afrique, souligné le risque de "nouveaux foyers" de crise et le danger de la faim. L'Allemagne continuera à soutenir les pays qui manquent de denrées alimentaires et continuera à "s'engager activement pour qu'on puisse quand même exporter des céréales d'Ukraine", a-t-il dit.
"Sinon le danger est grand que beaucoup de pays dans le monde aient les plus grandes difficultés pour nourrir leur population; cela ne doit pas nous laisser indifférents, cela ne nous laisse pas indifférents et nous ferons tous ce que nous pouvons", a-t-il promis.
Les deux dirigeants ont indiqué avoir discuté aussi de la crise au Sahel, proche du Sénégal, où les deux pays sont engagés avec des soldats, et du renforcement de leurs échanges économiques.