L'UE met en garde la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée

Les cercueils des victimes du coup militaire aligné pour des obsèques communes à Ankara, Turquie, le 17 juillet 2016.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont mis en garde lundi la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée, trois jours après le coup d'Etat avorté.

"Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien" de la Turquie, a affirmé Mme Mogherini à la presse en arrivant à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.

"Il n'y a aucune excuse pour que la Turquie prenne des mesures pour s'en éloigner (de l'Etat de droit)", a insisté l'Italienne. "Nous allons envoyer un message fort en ce sens à la Turquie", a-t-elle averti.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a également prévenu: "Nous devons être vigilants pour que les autorités turques ne mettent pas en place un système politique qui se détourne de la démocratie".

"La Turquie a fait beaucoup d'avancée, beaucoup de progrès, beaucoup de réformes ces dernières années, le danger serait celui d'un retour en arrière face à la démocratie", a-t-il ajouté.

Au total, quelque 6.000 militaires ont déjà été placés en garde à vue et près de 3.000 mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de juges et de procureurs, après la tentative de coup d'Etat déclenchée vendredi soir qui a officiellement fait au moins 290 morts, dont plus de 100 putschistes.

Le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn, chargé du dossier de la candidature turque à l'UE, a suggéré que le gouvernement turc avait déjà préparé, avant la tentative de coup d'Etat, une liste de personnes à arrêter.

"Je pense que le fait que les listes soient déjà disponibles juste après l'événement montre qu'elles ont été préparées pour être utilisées à un certain moment", a observé M. Hahn.

La demande d'adhésion de la Turquie à l'UE s'est heurtée aux inquiétudes grandissantes des Etats membres quant aux dérives autoritaires du régime du président Recep Tayyip Erdogan en matière de liberté de la presse et de droits de l'Homme.

Boris Johnson, qui assiste à son premier conseil des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles, après sa nomination surprise à la tête du Foreign Office, a aussi appelé les autorités turques à "la retenue et la modération".

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a également demandé aux autorités turques de "réagir de façon proportionnée".

Il s'est en particulier inquiété du possible rétablissement de la peine capitale en Turquie, évoqué dimanche par M. Erdogan. La peine de mort y a été officiellement abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'Union européenne.

"La peine de mort est un problème pour nous", a insisté M. Reynders.

Avec AFP