L'UE soutient le plan d'action pour aider l'Italie

Le ministre de l'Intérieur italien Marco Minniti lors d'une conférence de presse à Tripoli, en Libye, le 9 janvier 2017.

Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne, réunis à Tallinn, ont apporté jeudi leur soutien au plan d'action présenté en urgence par la Commission pour venir en aide à l'Italie, débordée par les arrivées incessantes de migrants sur ses côtes.

"Il y a eu une reconnaissance de la question posée par l'Italie", s'est félicité le ministre italien Marco Minniti.

"L'Italie n'est pas seule et n'aura pas à agir seule", a promis le ministre estonien Andres Anvelt, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, lors d'une conférence de presse en fin de journée.

Depuis une semaine, Rome multipliait les appels à l'aide, exhortant ses partenaires européens à apporter une "contribution concrète" pour tenter d'endiguer le nombre d'arrivées de migrants, presque tous partis de Libye pour une périlleuse traversée de la Méditerranée.

Environ 100.000 migrants sont arrivés en Europe depuis janvier par la Méditerranée, dont plus de 85.000 ont débarqué en Italie, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Si aucune nouvelle mesure n'a été annoncée jeudi - le format "informel" de la réunion n'appelant pas à des conclusions officielles -, les 28 ont tout de même soutenu le "plan d'action" présenté mardi par la Commission européenne, deux jours après une rencontre à Paris entre la France, l'Allemagne, l'Italie et la Commission.

"Au moins c'est clair, nous savons dans quelle direction nous allons", a assuré Andres Anvelt.

Il s'agit, selon une source européenne, de mettre en place "mieux et plus rapidement" un certain nombre d'éléments décidés lors de précédentes rencontres.

Les engagements pris envers la Libye seront accrus, ainsi qu'avec les pays d'origine ou de transit des migrants.

- 'Code de conduite' -

Les ministres ont également "salué" l'initiative italienne d'un "code de conduite" des ONG qui se lancent dans des missions de sauvetage, une activité qui doit être réalisée "dans un cadre de règles auxquelles il faudra adhérer", a souligné la présidence estonienne.

"C'est l'Italie qui fera la proposition en collaboration avec la Commission européenne, en écoutant naturellement les ONG", a expliqué M. Minniti.

Une douzaine de bateaux privés participent aux patrouilles dans les eaux internationales. Ils ont réalisé un quart des sauvetages en 2016 et jusqu'à plus d'un tiers en début de cette année. Mais certains considèrent que leur présence pousse les migrants à se lancer.

Le ministre allemand Thomas de Maizière a apporté le soutien de son pays à ce code de conduite, "avec pour objectif de mettre fin au jeu des trafiquants".

"Il n'y a pas de problème avec les ONG", a assuré de son côté le commissaire européen aux Migrations Dimitris Avramopoulos. "L'idée, c'est de rendre notre relation plus fonctionnelle, par des moyens plus coordonnés", a-t-il expliqué.

L'autre priorité concerne la politique des retours dans leur pays d'origine des migrants qui n'obtiennent pas le statut de protection internationale, pour laquelle les 28 se sont fixés d'obtenir des "résultats tangibles".

La plupart des migrants qui arrivent en Italie ne sont pas des demandeurs d'asile mais des migrants économiques, en provenance principalement du Nigeria, du Bangladesh, de Guinée, de Côte d'Ivoire et de Gambie.

En parallèle, se tenait jeudi à Rome une réunion des ministres des Affaires étrangères d'Europe et d'Afrique directement concernés par le phénomène, en une sorte de versant diplomatique de la réunion de Tallinn.

En présence de hauts responsables des Nations unies et de l'OIM, les participants ont évoqué des pistes pour bloquer le flux des migrants avant même leur arrivée en Libye : contrôles plus efficaces aux frontières, investissements en faveur des jeunes et des femmes dans les pays d'origine, et là encore, une meilleure politique de retours.

Côté italien, Marco Minniti a reconnu que des points plus conflictuels n'avaient pas été abordés à Tallinn, comme l'idée avancée par l'Italie de répartir les migrants secourus dans les ports d'autres Etats membres.

"Il est évident que sur ce sujet il y a une opposition difficile" et "des positions contrastées", a reconnu M. Minniti. La France et l'Allemagne ont déjà indiqué qu'elles ne soutenaient pas cette proposition.

Une conférence ministérielle est prévue le 24 juillet à Tunis entre Européens et Africains autour de cette "route" de la Méditerranée centrale.

Avec AFP