Seuls 36% des Américains ont une grande confiance dans l’enseignement supérieur du pays, selon un nouveau sondage révélé le 8 juillet 2024 par l’institut Gallup. Ce chiffre est stable d'une année sur l'autre, mais il masque la dégradation de l’image de l’université aux yeux du public.
Lire aussi : Gaza: le mouvement étudiant contre l'offensive israélienne s'étend dans le mondeEn effet, le taux de personnes ayant peu ou pas du tout confiance dans l’enseignement supérieur a progressé de neuf points sur la même période, pour s’établir désormais à 32%.
En 2015, lors de la première enquête sur le sujet, 57% des Américains affichaient une grande confiance contre seulement 10% avec peu ou pas du tout de confiance. Autrement dit, l’érosion du niveau de confiance est devenue significative au fil du temps.
Dans la tourmente idéologique
Cette perte de confiance transcende les affiliations politiques. La moitié des républicains ont ainsi peu confiance dans l’université aujourd'hui, contre 12% chez les démocrates. Il s’agit d’une détérioration respective de 39% et 10% par rapport à 2015. Cette désillusion progressive de la population américaine vis-à-vis de l'enseignement supérieur s’explique par la montée des clivages idéologiques.
Lire aussi : La police démantèle le campement des pro-Palestiniens à l'Université de CalifornieLe phénomène déjà perceptible dans la société semble s’être immiscé dans les amphis, comme en témoignent les remous constatés ces derniers mois sur différents campus depuis la reprise du conflit israélo-palestinien. De plus en plus d'Américains (41%) parmi ceux qui manquent de confiance dans l’institution universitaire estiment que les universités font la promotion d'idéologies "progressistes" et d'un endoctrinement à gauche.
37% critiquent le contenu des enseignements jugés en déphasage avec le monde professionnel ; le caractère "peu utile" des diplômes ou encore les difficultés à trouver un emploi après les études sont aussi pointés du doigt.
Un avenir pessimiste
Enfin, 28% mentionnent des raisons financières liées au coût trop élevé des études ou au niveau d'endettement étudiant. Au-delà des problématiques liées aux financements et aux débouchés, le sondage révèle un pessimisme généralisé des Américains quant à l’avenir de l’université.
En effet, les deux tiers (68%) estiment que l'enseignement supérieur évolue négativement. La quasi-totalité (94%) de ceux ayant peu confiance juge la trajectoire problématique. De manière plus surprenante, plus de trois quarts (81%) de ceux à la confiance modérée et un tiers (30%) des plus confiants partagent ce même sentiment.
Cette situation se reflète à travers la baisse de 8% des inscriptions au premier cycle universitaire entre 2019 et 2022, selon la National Student Clearinghouse, principale base de données statistiques sur les effectifs étudiants américains.
Le Département du Travail juge quant à lui le recul du taux d'accès à l'université depuis 2018 "plus marqué que jamais". "C'est une perspective assez risquée pour la solidité de notre économie nationale", alerte le chercheur à Georgetown, Zack Mabel, auprès d’Associated Press.