La Californie avance en première ligne de la présidentielle de 2020

Le calendrier des primaires en Californie a été avancé au 3 mars 2020.

La Californie n'a laissé aucun répit à Donald Trump depuis que le milliardaire républicain est entré à la Maison Blanche, le défiant à chaque tournant politique, et elle veut compter dans la présidentielle de 2020.

Démocrate, l'Etat le plus peuplé du pays ne rate jamais l'occasion de saisir la justice contre les décisions du 45e président des Etats-Unis concernant, par exemple, l'immigration, le climat ou l'avortement.

Et en avançant le calendrier de ses primaires au 3 mars 2020, les autorités de l'Etat fédéré ont envoyé un message clair: le "Golden State" compte être en première ligne dans le futur scrutin présidentiel, face à Donald Trump.

Avec des primaires tenues généralement au mois de juin, peu de temps avant la présidentielle, les dés étaient généralement jetés quand les Californiens votaient aux primaires, républicaines ou démocrates.

Lire aussi : Les candidats démocrates à la présidentielle américaine de 2020

Cette fois-ci, ses électeurs verront leur primaire se tenir au cours d'un "Super Tuesday", jour d'élections dans de nombreux autres Etats américains.

"Je pense que ceux qui ont pris la décision en Californie de changer la date (des primaires) l'ont compris comme un moyen de promouvoir l'Etat qui a été en première ligne dans sa résistance à certaines choses menées par le gouvernement Trump", explique Josh Putnam, maître de conférences au département d'Affaires internationales et publiques à l'université de Caroline du Nord-Wilmington.

"Cela va placer les électeurs en Californie dans une position de s'opposer, très tôt, à l'administration Trump, au moins en choisissant qui pourrait lui faire face aux élections de novembre 2020", poursuit ce spécialiste du processus électoral.

- Avantage pour Kamala Harris? -

"Par le passé, avant même que les Californiens ne votent aux primaires, le candidat était presque, de façon certaine, choisi, et ce ne sera pas le cas pour l'élection 2020", résume Sonja Diaz, à la tête d'un programme à l'université UCLA, à Los Angeles.

Huit autres Etats, dont le Texas (deuxième Etat le plus peuplé), organiseront leurs primaires le même jour que la Californie, avec des résultats qui donneront le ton sur les potentiels top ou flop des prétendants à la course présidentielle.

Les experts estiment que ce changement de calendrier pourrait jouer en faveur des candidats démocrates originaires de Californie, leur offrant une visibilité plus tôt dans la campagne. Jusqu'ici, seule une Californienne, Kamala Harris, est sur la ligne de départ démocrate pour la Maison Blanche.

Mais M. Putnam avertit que l'avantage d'être originaire de Californie ne se révélerait payant que si le candidat obtenait de bons résultats dans quatre autres Etats où l'on vote tôt, l'Iowa, le New Hampshire, le Nevada et la Caroline du Sud.

"Quand la Californie a ainsi avancé, par le passé, la primaire, cela a eu tendance à amplifier le résultat en provenance de ces Etats", rappelle-t-il. "Je soupçonne fortement que ce sera le cas cette fois-ci".

- "Californisation" de l'Amérique -

La Californie, qui se targue d'être la cinquième plus grande économie au monde, abrite certains des plus importants donateurs des campagnes républicaines ou démocrates.

"Bien que Trump vienne ici pour lever des fonds de certains donateurs très riches du parti républicain, il voit également la Californie comme un exemple de ce que l'Amérique ne doit pas être", estime Mme Diaz. "Et je pense qu'il agit ainsi à cause de la peur que c'est précisément ce qu'est en train de devenir l'Amérique."

Certains des partisans du président brandissent déjà l'élection présidentielle de 2020 comme une lutte contre la "californisation" de l'Amérique, sous-entendu contre le multiculturalisme et une conception progressiste de la société.

Dan Patrick, gouverneur-adjoint du Texas, a récemment suggéré que Donald Trump devrait faire campagne pour sa réélection martelant ce slogan: "Je ne vais pas laisser les démocrates transformer l'Amérique en Californie".

Avec AFP