La CEDEAO propose aux Maliens un gouvernement d'union nationale

L'ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan est le médiateur désigné par la CEDEAO à Bamako. (Photo Kassim Traoré)

La médiation ouest-africaine, venue chercher une solution à la crise socio-politique au Mali, a proposé dimanche, à l'issue de sa mission, un gouvernement d'union nationale et la formation d'une nouvelle Cour constitutionnelle sur une "base consensuelle" pour résoudre le litige autour des résultats des législatives.

Dans sa déclaration finale, la médiation ne se prononce pas expressément sur le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta, contesté dans la rue depuis début juin, et dont le M5-RFP, mouvement à l'origine des manifestations, ne cesse d'exiger la démission.

Mais la médiation souligne qu'"aucune forme de changement non constitutionnel d'accession au pouvoir ne sera acceptée".

Dans la nuit de vendredi à samedi, à l'issue d'une ultime réunion avec les médiateurs, le Mouvement du 5-Juin (M5-RFP), alliance hétéroclite de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile, avait rejeté leurs propositions, affirmant qu'ils exigeaient expressément le maintien au pouvoir du chef de l'Etat.

"Nous avons rencontré le M5 quatre fois et nous n'avons pu rapprocher nos divergences", a reconnu dimanche Goodluck Jonathan, lors d'une conférence de presse à Bamako. Il a précisé qu'il n'était pas dans les attributions de la Cédéao de chercher à obtenir la démission du président Keïta.

Les autres propositions formulées dans la déclaration finale sont similaires à celles déjà rapportées par le M5-RFP à l'issue de sa dernière rencontre avec la médiation, envoyée mercredi à Bamako par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et conduite par l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan.

Dans sa déclaration finale, la médiation demande la mise en place "de toute urgence d'un gouvernement d'union nationale, sur la base du consensus", dont 50% des membres seront issus de la coalition au pouvoir, 30% de l'opposition et 20% de la société civile.

Elle recommande la nomination d'une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d'examiner en priorité le litige électoral autour des législatives de mars-avril. La Cour constitutionnelle a été dissoute par le chef de l'Etat le 12 juillet pour tenter d'apaiser la colère, largement déclenchée par l'invalidation en mai par ses magistrats de certains résultats, accordant in fine 10 sièges de plus au pouvoir.

Dans un climat d'exaspération nourrie depuis des années par l'instabilité sécuritaire liée aux violences jihadistes et intercommunautaires dans le centre et le Nord du pays, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, la troisième grande manifestation contre le pouvoir à l'appel du M5-RFP, le 10 juillet, a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako.