La Chine juge "ridicules" les accusations d'ingérence du vice-président américain

Le vice-président américain Mike Pence, à l'Institut Hudson de Washington, le 4 octobre 2018

La Chine a jugé "injustifiées" et "ridicules" les accusations du vice-président américain Mike Pence selon lesquelles Pékin s'ingèrerait dans les élections aux Etats-Unis.

"Nous appelons les Etats-Unis à cesser leurs méfaits, à arrêter d'accuser sans fondement et de diffamer la Chine et de nuire aux intérêts de la Chine et aux relations sino-américaines", a déclaré dans un communiqué Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Dans un discours cinglant, prononcé jeudi devant un cercle de réflexion conservateur de Washington, Mike Pence a accusé Pékin d'agression économique à coups de "vols" de technologies, d'agression militaire notamment en mer de Chine du Sud, de violations croissantes des droits de l'homme et, surtout, d'ingérence politique afin d'obtenir le départ du président américain Donald Trump.

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Le numéro deux du gouvernement des Etats-Unis "a lancé des accusations injustifiées contre la politique intérieure et étrangère de la Chine", qu'il a "diffamée en affirmant qu'elle s'ingère dans les affaires intérieures et dans l'élection américaine", a déclaré Hua Chunying.

"Il ne s'agit de rien d'autre que de parler en se fondant sur des rumeurs, de confondre le vrai et le faux et de créer quelque chose sur du vent. La partie chinoise est fermement opposée à cela", a dit la porte-parole.

Reprenant des accusations proférées par Donald Trump la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU, M. Pence a dressé le réquisitoire le plus dur contre la Chine jamais entendu depuis l'arrivée du milliardaire républicain à la Maison Blanche: retour en arrière sur les libertés, "agression" économique et militaire, et surtout ingérence politique pour se débarrasser de Donald Trump.

M. Pence a accusé Pékin d'avoir "lancé un effort sans précédent pour influencer l'opinion publique américaine, les élections" législatives de novembre "et l'environnement menant à l'élection présidentielle de 2020".

Les relations entre les deux grandes puissances commerciales se sont détériorées ces dernières semaines, Donald Trump infligeant 250 milliards de dollars de taxes douanières sur des importations chinoises.

"Il est tout à fait ridicule de la part des Etats-Unis de stigmatiser leurs échanges normaux et leur coopération avec la Chine comme étant une ingérence de la Chine", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

"La Chine obéit toujours au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres et nous n'avons pas d'intérêt à nous immiscer dans les affaires intérieures et les élections des Etats-Unis", a-t-elle insisté.

Le numéro deux du gouvernement des Etats-Unis a repris dans un même discours très détaillé les accusations proférées ces dernières semaines par plusieurs membres de l'administration, à commencer par le président la semaine dernière en plein Conseil de sécurité de l'ONU. Et a ainsi confirmé l'impression d'une offensive tous azimuts pour faire plier Pékin en pleine guerre commerciale.

"La Chine s'ingère dans la démocratie américaine" et, "pour dire les choses de manière abrupte, le leadership du président Trump fonctionne: la Chine veut un président américain différent", a-t-il lancé.

Au passage, Mike Pence a estimé que l'ingérence russe dans la politique américaine n'était "que peu de chose par rapport à ce que la Chine fait à travers ce pays".

Selon M. Pence, les autorités chinoises tentent d'"exploiter les divisions entre les niveaux fédéral et local" et ont une stratégie précise pour influencer les électeurs américains avant les scrutins cruciaux de mi-mandat, à l'occasion desquels le camp républicain risque de perdre la majorité au Congrès.

"Plus de 80% des comtés américains ciblés par la Chine" à travers ses taxes douanières "ont voté pour le président Trump en 2016, et maintenant la Chine veut retourner ces électeurs contre notre administration", a-t-il estimé.

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L'idylle des débuts entre Donald Trump et Xi Jinping est donc bien loin. Et le président américain le reconnaît sans détours, estimant la semaine dernière à l'ONU que son homologue chinois n'était "peut-être plus" son "ami".

Mais en même temps qu'il passait à l'acte en déclenchant le conflit commercial pour tenter de résorber son déficit, le gouvernement américain a renoué avec le discours virulent de la campagne Trump.

Dénonçant une "agression économique" à coups de "vols" de technologies, le vice-président a confirmé qu'après les tarifs douaniers infligés sur 250 milliards de dollars d'importations chinoises, Washington était prêt à "faire substantiellement plus que doubler la mise en l'absence d'accord équitable".

La Maison Blanche a fait savoir parallèlement qu'elle tentait de former "une coalition" avec d'autres économies majeures pour "combattre la Chine dans le domaine commercial".

Mike Pence a aussi adopté un ton très ferme sur d'autres sujets.

"La Chine a bâti un Etat de surveillance inégalé, qui ne cesse de grossir et de devenir plus intrusif, souvent avec l'aide de la technologie américaine", a-t-il affirmé.

"Pendant un certain temps, Pékin a progressé vers plus de liberté et de respect des droits de l'Homme, avant d'effectuer ces dernières années un retour en arrière drastique", a ajouté le vice-président américain.

Avec AFP