La coalition au pouvoir se réunit la semaine prochaine pour choisir un nouveau Premier ministre en Ethiopie

Hailemariam Desalegn, Premier ministre démissionnaire, à Addis Abeba, Ethiopie, 15 février 2018.

La coalition au pouvoir en Ethiopie se réunira la semaine prochaine pour choisir un nouveau Premier ministre, après la démission surprise le 15 février de Hailemariam Desalegn, indique un de ses responsables.

Le conseil dirigeant du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition au pouvoir, va se réunir pour désigner un nouveau Premier ministre, selon Kassahun Gofi, responsable des relations publiques du plus important des partis de la coalition, l'Organisation démocratique du Peuple oromo (OPDO).

"C'est pour le moment prévu pour mercredi", a-t-il déclaré lors d'un entretien avec l'AFP.

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Plus tôt dans la semaine, l'OPDO a élu à sa tête un nouveau président, Hailé Mariam, un changement interprété par les observateurs comme une première étape avant une candidature au poste de Premier ministre.

"Nous sommes prêts à présenter un candidat au poste de Premier ministre. Si c'est la volonté de tous les partenaires, le Dr Abiy sera élu", a commenté Kassahun Gofi.

M. Desalegn, sous pression au sein de la coalition au pouvoir, avait démissionné au moment où le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique traverse depuis fin 2015 une crise politique marquée par un mouvement de protestation antigouvernemental inédit en 25 ans.

Dans la foulée de son départ, le gouvernement a décrété l'état d'urgence pour un durée de six mois, avec notamment l'interdiction de toute manifestation.

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Alors que le régime avait fait libérer des centaines de prisonniers ces dernières semaines, l'instauration de l'état d'urgence sonne comme une tentative de reprise en main de la situation par les tenants de la ligne dure.

Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région oromo (sud et ouest), la plus importante ethnie du pays, puis s'était étendu courant 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (nord).

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Sa répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, liée au gouvernement. Un calme relatif n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017 et au prix de milliers d'arrestations.

Ces manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo et des Amhara, qui représentent environ 60% de la population, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de l'EPRDF, la coalition qui renversa le dictateur Mengistu Hailé Mariam en 1991, et plus largement une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.

Outre cette crise politique, le gouvernement fédéral a été confronté à des affrontements entre membres des ethnies oromo et somali qui ont fait un million de déplacés en 2017.

Avec AFP